Radio ARA fête ses 25 ans, libre et indépendante comme à la première heure!
Pour mieux saisir Radio ARA, ses idéaux, ses orientations, il faut faire un peu d’histoire. Remonter aux années 80, époque phare des ondes pirates, à l’instar de l’ancêtre Radio RadAU. Robert Garcia, «35 ans de radio indépendante» derrière lui, toujours actif, d’ailleurs, derrière le micro le dimanche avec son émission world-pop Malinyé – et accessoirement cofondateur et gérant bénévole d’ARA – se pose volontiers en guide. «À l’époque, il s’agissait de lutter contre le monopole de RTL au Luxembourg (NDLR : qui durait depuis 1931), cette même radio qui avait sapé les monopoles en France, en Allemagne et en Angleterre.»
Une volonté de «libérer» les ondes née d’intérêt divers. Un vrai puzzle même! «Il y avait des groupes de presse – comme Saint-Paul – qui voulaient leur radio, une scène associative qui se sentait discriminée et des étrangers qui ne se reconnaissaient pas dans les programmes.» Robert Garcia trouve même des raisons plus simples… «La radio, c’est quand même la musique, et celle que passait RTL à l’époque était abominable. On avait même le droit aux « schlager » allemands (il rit).»
«Du crowdfunding avant l’heure!»
Bref, après quelque dix ans de pression (NDLR : 1982-92), une loi voit le jour, complément orientée politiquement. Un «échec cuisant», dit-il. «Elle disait qu’une radio devait se définir comme une structure commerciale et se baser sur les recettes publicitaires.» Résultat des courses? Aucun argent n’est entré chez DNR ou encore Eldoradio, et elles sont toutes «devenues des succursales de groupes de presse».
Toutes? Non. Dans ce jeu du «sauve qui peut», seule ARA est restée indépendante, fondant son équilibre financier – aujourd’hui estimé à 80 000 euros contre 6 millions, par exemple, pour 100,7 – sur le soutien de ses auditeurs et les dons de particuliers. «C’était du crowdfunding avant l’heure!, lâche-t-il, enthousiasme, reconnaissant que le seul soutien public tient aux programmes éducatifs comme le réputé Graffiti.
Du coup, il est plus facile de comprendre l’articulation de Radio ARA, ses 120 bénévoles – «pas évident à maintenir sur 25 ans» – de différentes nationalités, passionnés, qui prêtent leurs voix aux ondes pour animer des émissions aux thèmes et styles musicaux variés, de l’actualité au divertissement en passant par la culture et encore l’écologie.
Si Robert Garcia milite pour une aide à la presse destinée aux radios – «200 000, 300 000 euros par an, ça serait pas mal!» – et qu’ARA s’est posée dans le quartier de Bonnevoie, partageant ses locaux avec les Rotondes – la philosophie n’est pas à l’embourgeoisement et au confort, bien au contraire. Avec sa faible part de marché (autour de 1 %), Radio ARA ne compte pas s’acoquiner avec les nantis. Parmi les idées «à développer les prochaines années», on songe, par exemple, à monter une sorte de Campus Radio, «comme aux États-Unis ou encore en Grande-Bretagne». Le souci reste en tout cas le même : améliorer, encore et toujours, «l’accès des citoyens à l’antenne». Une volonté d’horizontalité d’autant plus valable «face à la montée des populismes». «C’est le peuple qui doit faire sa radio. Il doit participer et surtout ne pas subir»…
Grégory Cimatti