« Racines », l’ultime tableau qu’a peint Vincent Van Gogh le jour de sa mort, a livré son secret : une ancienne carte postale a été retrouvée montrant un taillis où figurent les mêmes racines, a révélé mardi le directeur scientifique de l’Institut Van Gogh d’Auvers-sur-Oise.
La découverte a été faite alors qu’il classait tranquillement chez lui des documents pendant le confinement en avril, a expliqué Wouter van der Veen. « Mon œil a été accroché par un détail sur une carte postale, un détail qui figurait sur le dernier tableau de Van Gogh ». « La configuration des racines et des troncs sur la carte postale correspondait à celle sur le tableau ». Sur la carte postale datant de 1900-1910, figure un coteau couvert d’un taillis avec des troncs et des racines. Cet expert de Van Gogh a ensuite étayé sa trouvaille dans un livre, Attaqué à la racine.
Il a fallu quelques semaines au Musée Van Gogh d’Amsterdam pour valider la découverte. Mardi, a eu lieu à Auvers-sur-Oise, en présence d’Émilie Gordenker, directrice générale du Musée Van Gogh, l’inauguration du site exact de la réalisation du chef d’œuvre, qui sera protégé par une structure de bois temporaire, et pourra devenir lieu de pèlerinage, à 150 mètres de l’auberge où le peintre résidait, atteint de crises de folie.
Cette toile « avait donné cours à toutes sortes de théories, sur le fait par exemple qu’il aurait signé un tableau marquant le début de l’art abstrait, de l’art nouveau », a relevé le chercheur. « Ce tableau, peint peu avant qu’il se tire une balle dans le ventre, le 27 juillet 1890, était indéchiffrable, car le lieu de la réalisation était impossible à situer ».
Certains « avaient envie que Van Gogh soit victime de la société plutôt que l’auteur de sa vie et de sa mort », a-t-il observé. Mais ce tableau est « un testament, une lettre d’adieu. Le taillis symbolise pour lui la lutte de la vie. On en récolte les troncs et, de la souche, de nouvelles pousses apparaissent ».
« Il y a une cohérence : c’est le thème de la vie et de la mort. Depuis un an, le suicide était une option pour Van Gogh. Cela élimine toutes ces théories foireuses, qui n’ont pas fait de bien à sa mémoire, comme celle affirmant qu’il aurait été tué par accident par des gamins maniant un pistolet », a déclaré l’expert néerlandais. « Ce qui est extraordinaire, c’est que la souche principale qu’on trouve sur le tableau est aujourd’hui encore visible dans le taillis », 130 ans après, s’émerveille Wouter van der Veen.
LQ/AFP