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Querelle historique hispano-portugaise autour de Magellan


Magellan, navigateur portugais qui a mené son expédition pour le compte du roi d'Espagne Charles Quint, est mort aux Philippines pendant le voyage et c'est l'Espagnol Juan Sebastian Elcano qui a terminé son périple. (illustration AFP)

Des historiens portugais ont réagi avec ironie à la thèse défendue par l’Académie royale d’histoire espagnole selon laquelle l’expédition du Portugais Fernand de Magellan, qui a accompli le premier tour du monde il y a 500 ans (1519-1522), était une entreprise « exclusivement espagnole ».

Les gouvernements socialistes au Portugal et en Espagne ont décidé de célébrer en commun les 500 ans de l’expédition. Mais le projet n’a pas plu au quotidien conservateur espagnol ABC, qui accuse la diplomatie portugaise de manquer de respect à l’égard de l’Espagne.

Dans une chronique publiée lundi dans le quotidien Publico, l’historien portugais Rui Tavares fustige l’Académie d’histoire, qu’il appelle « la surréelle académie de la droite espagnole » pour avoir publié, à la demande d’ABC, un rapport qui conclut « au caractère pleinement et exclusivement espagnol » de la première circumnavigation.

Magellan, navigateur portugais qui a mené cette expédition pour le compte du roi d’Espagne Charles Quint, est mort aux Philippines pendant le voyage et c’est l’Espagnol Juan Sebastian Elcano qui a terminé son périple.

Le rapport publié ce week-end par l’académie espagnole ignore la présence à bord de marins français, italiens et grecs et du chroniqueur vénitien Antonio Pigafetta, qui fit le récit de ce voyage, lance Rui Tavares, ancien eurodéputé et fondateur du parti Livre, une petite formation de gauche.

« Si cela continue comme ça, nous verrons bientôt les savants académiciens (…) expliquer pourquoi le Real Madrid perd davantage depuis que Cristiano Ronaldo l’a quitté. Etant donné que le Real Madrid est une entreprise ‘exclusivement espagnole’, cela ne devrait pas arriver », ironise-t-il.

Une question de «politique intérieure espagnole»

Cette polémique « relève davantage de la politique intérieure espagnole que des rapports entre l’Espagne et le Portugal », relativise la présidente de l’Académie portugaise d’histoire, Manuela Mendonça, en refusant les conclusions de sa congénère espagnole.

« Dire que c’est un exploit entièrement espagnol est une exagération. C’est un projet mené par un Portugais, qui a appris l’art de la navigation au Portugal et pour le compte du Portugal », dit-elle.

Et si l’expédition avait bien été commanditée par Charles Quint, elle n’est devenue une circumnavigation que parce que Elcano lui a désobéi, affirme l’historien portugais José Manuel Garcia, dans le Diario de Noticias.

Les instructions de Magellan étaient de rejoindre les îles des Moluques, riches en épices, en traversant l’Atlantique et le Pacifique et de revenir en sens inverse.

« Le tour du monde en un seul voyage a eu lieu, sous la direction d’Elcano, uniquement parce que celui-ci n’a pas voulu prendre le risque de retraverser l’océan Pacifique » et ses terribles tempêtes, préférant rejoindre l’Espagne par les eaux plus connues de l’océan Indien et en contournant l’Afrique.

AFP