Pas moins de 177 livres autour du football sont parus – ou vont paraître – ces prochaines semaines. Petite sélection. À lire entre deux matches.
Exercices de remémoration
D’entrée, l’avertissement (qui, là, ne vaut pas carton jaune!) : «Voici un livre qui ne plaira à personne, ni aux intellectuels, qui ne s’intéressent pas au football, ni aux amateurs de football qui le trouveront trop intellectuel. Mais il me fallait l’écrire, je ne voulais pas rompre ce fil ténu qui me relie encore au monde.» Voilà donc une belle entrée de match pour Football, le récent petit livre de Jean-Philippe Toussaint, l’immense auteur de La Salle de bain, Monsieur ou encore L’Appareil photo. C’est ainsi, donc, l’écrivain belge a deux passions : la littérature et le football.
«Cette histoire commence en 1998 avec cette date qui, soudain, me paraît très lointaine, enfoncée dans le passé, déjà lourdement enfouie dans le XXe siècle achevé, qui paraîtra d’un autre temps aux générations futures», écrit-il. L’histoire se poursuit en 2002 quand Toussaint se rend au Japon pour assister à la Coupe du monde durant laquelle il rédigera quelques articles qui alimentent à présent Football. Dans des pages magnifiques d’élégance et de désarroi, il évoque aussi ses souvenirs de foot de l’enfance du côté de Bruxelles ou encore ce match de Coupe du monde qu’il a tenté de regarder en Corse malgré une réception du streaming très incertaine. Toussaint vibre de l’amour foot, de ce football qui rimait (rime encore?) avec émerveillement, de ce football qui est aussi l’artiste et/ou l’écrit.
Football, livre indispensable et virevoltant, c’est aussi des constatations – «Le football vieillit mal, c’est un diamant qui ne brille que dans le vif aujourd’hui» – et des interrogations – «Qu’est-ce que créer, aujourd’hui, dans le monde dans lequel nous vivons?»… Si l’écrivain Jean-Philippe Toussaint était footballeur, il s’appellerait Hatem Ben Arfa ou alors, il serait brésilien comme Garrincha le dribbleur ou Socrates le penseur du jeu, et il jouerait le samba foot!
Football, de Jean-Philippe Toussaint. Éditions de Minuit.
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L’agent «secret»
Dès la première ligne du prologue, on est prévenu : «J’ai toujours su que je voulais réussir dans le foot, tout comme j’ai toujours su que je voulais devenir riche.» L’auteur (qui tient à rester anonyme) de Sexe, fric et foot (traduction de The Secret Agent) propose donc au lecteur de lui faire découvrir non pas la face cachée du football.
Mais celui du foot business, celui qui brasse des millions d’euros ou de dollars. Dans ce livre écrit sans fioritures et furieusement efficace, l’agent «secret» raconte tout. Les coups tordus, les combines, l’intox, la manipulation des informations, l’art et la manière de détourner les règles officielles. On y ajoute également quelques histoires de sexe et de drogue – et notre agent n’hésite pas à affirmer que la plupart des «footeux» professionnels n’ont décidément pas inventé la poudre!
Sexe, fric et foot. Anonyme. Arthaud.
Meurtre au stade
Et un polar dans le monde du foot! Direction le championnat d’Angleterre avec le Britannique Philip Kerr. On le connaît bien puisque, depuis 1989, il a publié régulièrement les aventures de Bernie Gunther dans La Trilogie berlinoise. Peut-être lassé de ces enquêtes en mode allemand, l’auteur qui ne cache pas son amour foot pour le club d’Arsenal lance un nouveau personnage : Scott Manson, et publie sa première aventure, Le Mercato d’hiver.
D’origine germano-écossaise, Manson, c’est l’entraîneur de London City, propriété d’un milliardaire ukrainien. Débarque un manager, le Portugais Joao Zarco. On va retrouver sa tête et son corps fracassés dans un trou au milieu du stade du club. Le propriétaire du London City propose le poste de manager à Manson, à la condition qu’il mène l’enquête…
Le Mercato d’hiver, de Philip Kerr. Éditions du Masque.
10 de chute
En tant que président de l’UEFA, il devait être une des principales figures de cet Euro. Mais il n’en sera rien. Michel Platini, 60 ans, regardera les matches «à la maison» – interdit de toute activité dans le monde du foot après la mise à jour de magouilles de Joseph Blatter, ex-président de la FIFA.
Un journaliste de L’Équipe, Jean-Philippe Leclaire, avait déjà écrit en 1998 Platini, le roman d’un joueur. Il revient avec Platoche, le surnom du numéro 10, star avec Saint-Étienne, la Juve et les Bleus. Un livre fouillé au sous-titre sans équivoque : «Gloire et déboires d’un héros français». On le tenait pour «chevalier blanc» du football européen et mondial. Mais voilà, il y a M. Platini… et Platoche, aussi naïf que virtuose, taclé à la cheville et mis hors jeu définitivement.
Platoche, de Jean-Philippe Leclaire. Flammarion.