Devant une terrible menace inconnue, le gouvernement des États-Unis réunit une armada de crapules de la pire espèce sous bonne escorte.
Quand la Warner Bros rassemble les pires méchants de l’univers DC Comics et confie le projet à un réalisateur talentueux comme David Ayer, elle tient forcément une poule aux œufs d’or. Les premières minutes le confirment, enlevées, pops, portées par une bande-originale tonitruante (Eminem, White Stripes, Rolling Stones) et la réalisation inspirée de David Ayer, remarqué avec son brillant End of Watch et son réussi Fury. Il présente, un à un, les salopards qui vont constituer l’arme absolue, dans un trombinoscope étourdissant, la Suicide Squad du titre.
Et puis le film commence. Près de une heure et demie d’explosions et fusillades contre une sorcière qui peut facilement prétendre au titre de méchant le moins terrifiant de ces dernières années.
Une heure et demie réalisée en roue libre par un David Ayer à qui la production a dû exiger du grand spectacle, sans lui fournir la moindre bribe de scénario. C’est bien là que le bât blesse.
Et le scénario dans tout ça ?
Comme dans Batman vs Superman, Captain America : Civil War ou X-Men : Apocalypse, l’absence de narration plombe le projet. La galerie de portraits semble destinée à lancer une série de spinoffs qui a déjà été annoncée. Certes, le personnage de Harley Quinn est une franche réussite, femme enfant perverse. Certes, le sexuellement ambigu Joker incarné par Jared Leto est réjouissant. Mais leur présence à l’écran est trop rare pour donner un sens au projet.
Au lieu de ça, Joel Kinnaman, à l’expressivité d’un kouign-amann sous Tranxène, mène une troupe qui erre sans joie. Le sujet était pourtant en or, avec le mal comme arme contre le mal. Il n’est absolument pas exploité. Le film de super-héros, et ici de super-vilains, a besoin de réalisateurs experts du sous-genre. Tim Burton, avec Batman, ou Sam Raimi, avec Superman, l’ont démontré avec talent.
Quand il ne sert qu’à faire de l’argent, cela saute aux yeux, qu’il soit confié à Zack Snyder, David Ayer ou Bryan Singer. Autant de réalisateurs talentueux qui se perdent dans les franchises DC Comics et Marvel. Et avec eux les spectateurs.
Christophe Chohin