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Quand on a 17 ans : le grand retour d’André Téchiné


Deux garçons, Damien et Tom, s'affrontent et apprennent à se connaître, sous les yeux de Marianne.

Avec Quand on a 17 ans, le réalisateur français André Téchiné présente, à 73 ans, son 21e film. Le grand retour du cinéma du tact, de l’élégance et de la générosité.

Avec ce récit d’apprentissage adolescent, le cinéaste français André Téchiné a voulu «s’embarquer dans la folie d’une histoire». Celle de deux lycéens solitaires que tout oppose.

Il a réalisé quelques-uns des grands films français  : Barocco (1976), Hôtel des Amériques (1981), Rendez-vous (1984), Ma saison préférée (1993), Les Roseaux sauvages (1994)… À 73  ans, André Téchiné est de retour avec son 21e  film  : Quand on a 17  ans . Et d’emblée, il confie  : « J’ai un cœur de 17  ans. Le corps ne suit pas, mais les âges de la vie peuvent très bien se mélanger et en tout cas le cinéma est, pour moi, une manière de construire un pont avec la jeunesse et là, dans ce schéma avec l’adolescence .»

André Téchiné, c’est une certaine idée du cinéma – à mille lieues du blockbuster et du ciné formaté, à mille lieues aussi du «cinéma à la française» que véhicule encore aujourd’hui une certaine mythologie. Ainsi, avec Quand on a 17  ans , tout comme il l’avait déjà fait avec Les Roseaux sauvages , il attaque frontalement des thèmes profondément ancrés dans l’époque. « Je ne voulais surtout pas être militant , précise le réalisateur, mais au contraire apaiser le climat, surtout après ce qu’on a vu et entendu en France avec le mariage pour tous. Je n’avais pas du tout envie de donner une image de conflit, je souhaitais donner des images réconfortantes .»

«Quelque chose de magique»

Avec sa scénariste Céline Sciamma (réalisatrice avec Naissance des pieuvres ou Bande de filles , et spécialiste des affres de l’adolescence), André Téchiné a voulu montrer que « dans la jeunesse, il y a quelque chose de magique, qui peut donner au cinéma une valeur enchantée ». Partant de là, il embarque le spectateur dans une petite ville des Pyrénées, avec deux adolescents qui se déchirent et qui n’assument pas leur attirance. Il y a Damien, 17  ans  : fils de militaire souvent parti en mission, il vit avec sa mère médecin. Sa vie au lycée est chaotique, malmené qu’il est par Tom, lui aussi 17  ans. L’un et l’autre ne peuvent, ne savent s’exprimer qu’à travers la violence.

Tout va changer quand Marianne, la mère de Damien, décide de recueillir Tom sous leur toit. Les deux garçons sont des adolescents modernes  : ils se baladent avec sweat à capuche, sont connectés; l’un –  Tom, vit en haut d’une montagne enneigée, l’autre, Damien, en ville avec sa mère  – une belle femme active… Quand on a 17  ans , c’est un beau et grand film porté par l’élan de la jeunesse. Cette jeunesse adolescente, cet âge de la vie qui offre au cinéaste un terrain formidable d’exploration parce qu’alors, tout individu se sent unique –  ce qui l’amène à ne craindre ni quoi ni qui…

Et puis, avec le tact et l’élégance qui caractérisent son œuvre, André Téchiné raconte la grande découverte à l’adolescence, l’éveil à la sexualité, l’homosexualité incertaine et prégnante. Mieux que quiconque, il sait montrer les premiers émois, les premières interrogations de Damien qui perçoit, au fond de lui-même, une attirance pour Tom. Une attirance qui se traduit, croit-il, pense-t-il, par la violence. Et dans ce film de la tolérance et l’acceptation de l’autre, André Téchiné propose avec Marianne, la mère de Damien, un beau personnage de femme ouverte au monde, à l’écoute de la vie qui va. Enfin, et on ne le dira jamais assez, Quand on a 17  ans est un film furieusement généreux!

Serge Bressan

Quand on a 17 ans, d’André Téchiné (France, 1h54) avec Sandrine Kiberlain, Kacey Mottet Klein, Corentin Fila…

Kiberlain : «Un prototype de mère au cinéma»

L’un dit : « Elle est rayonnante. Mais ce n’est pas un rayonnement qui écrase. Elle est très productrice. » L’autre ajoute  : « Elle fait du bien. Beaucoup de bien .» L’un et l’autre sortent de l’adolescence et partagent l’affiche de Quand on a 17 ans avec Sandrine Kiberlain.

Une comédienne qui, à 48  ans, occupe une place enviée dans le cinéma français. Parce qu’elle sait faire rire et pleurer. Dans le nouveau film d’André Téchiné, elle incarne Marianne, une femme normale, heureuse dans son couple, dans son travail, dans sa vie de mère. Commentaire de la comédienne  : « Marianne, c’est un prototype de mère au cinéma », complété par le réalisateur  : « C’est un personnage maternel et sexy à la fois, il a la force du roseau .»

Assurant avoir véritablement pris son envol artistique voilà peu avec Neuf mois ferme de et avec Albert Dupontel (sortie en 2013), la comédienne dit aussi, évoquant Quand on a 17  ans  : « Ce film, c’est un cadeau d’André Téchiné! » Mariée pendant dix ans (1998-2008) à Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain ne cesse de répéter qu’elle souhaite avant tout être « une femme libre et déterminée, qui sait ce qu’elle veut ». Comme d’autres réalisateurs auparavant, André Téchiné a voulu travailler avec elle –  il ne voyait aucune autre pour le rôle de Marianne. « Elle est plus sereine que jamais , confie le réalisateur. Elle est équilibrée et sûre d’elle. C’est un plaisir immense de travailler avec elle .»

À ce jour et depuis 1986, elle a tourné dans plus de 50  films. Ses camarades de tournage Corentin Fila et Kacey Mottet Klein et le réalisateur André Téchniné sont unanimes  : elle est solaire, rayonnante. « C’est une belle personne », affirment-ils en chœur. Et quand elle ouvre les souvenirs de Quand on a 17  ans , elle confie  : « Quand on se trouve, quand on arrive à voir qui on est, ce qu’on aime jouer et ce que l’on n’aime pas jouer, j’ai l’impression que les metteurs en scène vous trouvent aussi »…

S.  B.