Dans le cadre du festival Printemps Danse 2015 au CAPe, le Luxembourgeois Jean-Guillaume Weis a imaginé la pièce « Play Time », suite de tableaux chorégraphiques joués où le piano tient une place centrale.
Jean-Guillaume Weis : « Dans le monde du ballet, ou simplement dans la vie de tous les jours, la musique classique est souvent présente. » (Photos : Frank Meiers)
« Ma mère, qui était au Conservatoire à Paris, jouait du piano, et c’est en réécoutant Chopin, Liszt ou Schuman que j’ai eu le souvenir vivace d’émotions, de blocs de vie vécue…» Voilà l’idée de départ de « Play Time », nouvelle création de Jean-Guillaume Weis pour le festival Printemps Danse 2015 au CAPe. Le danseur, fan autoproclamé de «toutes les musiques» – et qui a côtoyé « de grands orchestres » avec les chorégraphes Mark Morris et Pina Bausch – a donc puisé dans ses souvenirs propres pour mettre sur pied cette œuvre qui fait évidemment référence au célèbre film de Jacques Tati.
Sûrement pour son approche segmentée, en plusieurs tableaux. Surtout pour sa simple traduction, « le temps de jouer », qui correspondait bien à l’envie originelle de l’artiste. En effet, ce dernier a convoqué deux autres danseurs (Sato Oikawa, Joseph Simon), un pianiste (Jean Muller) et un vidéaste (Raoul Schmitz), histoire de s’amuser ensemble sur une scène, qui devient ainsi une aire de jeu sur laquelle les protagonistes s’y confrontent « en partageant des moments artistiques vécus ».
> Bach, Haydn, Liszt et compagnie
« Dans le monde du ballet, ou simplement dans la vie de tous les jours, la musique classique est souvent présente », précise encore Jean-Guillaume Weis qui, avec ses acolytes, a sélectionné pas moins de treize morceaux « marquants » et parfois « exigeants ». On y trouve du Bach, Haydn, Liszt, Rachmaninov et autres Tchaïkovski, mais aussi des propositions « radicales » comme Ligeti et Prokofiev – « qui maltraitent véritablement leur piano ».
Un vrai travail « collectif » – « tout le monde est intervenu, a proposé ses idées » – qui a le mérite de créer une synergie et d’éviter une démarche trop classique. Comprendre qu’il ne voulait pas juste faire une œuvre où l’on danse « simplement » sur des morceaux, mais bien que ces derniers soient traités « comme autant de propositions scéniques aux approches différentes ».
« C’est ensemble que l’on a été à la rencontre de ces sons pour leur donner un second ou nouveau souffle, pour le plaisir de souligner, sublimer ou détruire ce souvenir, cet acquis. » Il en résulte alors des suggestions assez hétérogènes, avec « beaucoup de variantes et de couleurs ». « Attention, ce n’est pas la kermesse non plus ! », s’exclame le danseur qui retient même un fil rouge : celui de la « légèreté » et de l' »humilité ». « Il y a un jeu qui s’instaure avec le public et un côté enfantin à la pièce. »
Et tout le monde y participe, même le pianiste Jean Muller, « intégré dans la mise en scène » au même titre que les danseurs. Quant aux décor et costumes en noir et blanc – qui évoquent bien sûr le clavier de l’instrument – ils se mélangeront aux audaces visuelles de Raoul Schmitz, offrant par sa sensibilité et ses interventions en « live » quelques incursions dans le domaine poétique et transcendantal du plus bel effet.
De notre journaliste Grégory Cimatti
CAPe – Ettelbruck. Jeudi et vendredi à 20h.
« Play Time » sera aussi présenté le 28 février à l’Opderschmelz (Dudelange).