Résolument optimiste, l’astrophysicien franco-canadien, engagé dans la défense du vivant, parie sur des humains capables d’invoquer leurs émotions pour contrer leur intelligence destructrice.
« De plus en plus, les gens sont au courant du problème qui se pose de garder la planète habitable (…) mais l’important c’est que ça passe du cerveau au cœur : si on veut mobiliser les gens, il faut qu’ils se sentent impliqués affectivement », estime le spécialiste des étoiles. « L’écologie, ce n’est pas ‘un’ grand problème, mais des millions de petits problèmes », parfois quotidiens, alors il faut que les gens aient « envie de les aborder, et ça veut dire que ça vient du cœur », insiste-t-il, à quelques jours de la sortie d’un documentaire bâti autour de son engagement envers la biodiversité.
Rivières, forêts tropicales, banquises, ours polaires et caribous du Grand nord canadien : La Terre vue du cœur (en salles le 23 mai) rend hommage à la splendeur de la nature pour « motiver à passer à l’action », explique sa réalisatrice Iolande Cadrin-Rossignol. Il faut « agir par amour », résume celle qui a choisi pour incarner ce message le scientifique de 85 ans, qui décrit d’abord une situation bien sombre.
« La phase de destruction se poursuit. On coupe la forêt, on vide les océans de leurs poissons, ça se poursuit, il faut être réaliste, il faut bien voir que la 6e extinction (des espèces) est réelle », lance le président d’honneur de l’Agence française pour la biodiversité et de l’ONG Humanité et Biodiversité.
De l’espoir malgré tout
Mais la particularité de cette 6e extinction de masse à laquelle la Terre est confrontée depuis un demi-milliard d’années, c’est qu’elle est très rapide et que « c’est nous qui sommes responsables, c’est l’humanité », souligne-t-il. Les hommes ont utilisé cet « avantage magnifique qu’est l’intelligence » pour développer la science et la technologie « avec lesquelles nous sommes en train de malmener la planète », poursuit-il, appelant l’homme à « apprendre à vivre avec son intelligence pour ne pas faire qu’elle en vienne à nous éliminer ».
Mais malgré ce constat, le scientifique qui fait un plaidoyer contre la « morosité » garde espoir en l’homme : « La Terre, on l’a beaucoup détériorée (…) Mais il y a des possibilités de faire qu’elle reste habitable ». « Quand on dit c’est foutu… c’est foutu. Le plus important dans tout ça, c’est de ne pas désespérer les gens », insiste-t-il, plaidant pour « une attitude militante » de tous, les gestes individuels du quotidien mais aussi des études d’impact pour tous les projets.
Appelant à parler des « bonnes nouvelles pour garder le moral des troupes », il évoque le développement des énergies renouvelables, l’accord de Paris sur le climat et paradoxalement l’élection de Donald Trump « qui a éveillé les consciences des Américains pour agir contre sa position ». « Ils sont déjà à l’avant-garde de cette lutte contre le réchauffement climatique. Donc souvent des effets très négatifs, comme les positions de cet irresponsable président des États-Unis, ont des effets positifs, non souhaités par eux, mais réels. »
Le Quotidien/AFP