L’œuvre aura été encore plus éphémère que la Saint-Valentin: Banksy a dévoilé mardi une fresque murale sur le thème des violences conjugales dans le sud-est de l’Angleterre, rapidement endommagée par des agents de nettoyage zélés.
Sur cette fresque du mystérieux artiste de rue dans la station balnéaire de Margate, on peut voir une femme au foyer ayant un look des années 1950 ou 1960, défigurée par un œil au beurre noir et une dent cassée, tandis que les jambes d’un homme dépassent d’un vieux congélateur, bien réel, posé contre le mur.
Sur le sol autour d’eux sont dispersés des objets, comme une vieille poêle, une chaise cassée ou une vieille bouteille.
L’œuvre, intitulée Valentine’s day mascara, a été revendiquée par l’artiste sur son compte Instagram le 14 février, jour considéré dans de nombreux pays comme la fête des amoureux.
Amanda Barden, habitante de 56 ans, trouve l’œuvre « fantastique ». « C’est un vrai sujet que les personnes puissent parler des violences conjugales. La référence à la Saint-Valentin aussi, cela concerne les gens, cela va ouvrir le dialogue », estime-t-elle.
Mais à la mi-journée, des hommes se présentant comme des agents travaillant pour le conseil du district de Thanet, qui administre la ville, ont enlevé le vieux congélateur et d’autres objets, rendant difficilement compréhensible le message de l’œuvre sur les violences conjugales. Contacté, le conseil du district n’avait pu être joint dans l’immédiat.
Les images montrant l’enlèvement de ces objets ont suscité des réactions indignées sur les réseaux sociaux, tandis que sur place, les passants faisaient part de leur étonnement et de leur incompréhension. « Les gens disaient : ‘arrêtez, arrêtez, vous savez que c’est un Banksy n’est-ce pas?’ « , raconte Laura Holden, une habitante de Margate qui a assisté à la scène. Elle se demande si cette intervention des services municipaux était préméditée : « peut-être que Banksy avait tout prévu depuis le début ».
Interrogée juste avant l’enlèvement des objets, la maire de Margate, Heather Keen, affirmait que la ville allait « chercher comment protéger (l’œuvre) et la préserver, car nous sommes très fiers de l’avoir ici ».
« Fantastique »
Il y a trois ans, le mystérieux artiste originaire de Bristol et qui travaille sous pseudonyme, avait déjà peint une œuvre pour la Saint-Valentin : une petite fille tirant avec une catapulte sur un bouquet de fleurs rouges.
En 2018, une toile de Banksy intitulée La Fille au ballon, s’était partiellement autodétruite pendant sa vente aux enchères, grâce à un broyeur dissimulé dans le cadre, provoquant la stupéfaction dans le monde entier.
Banksy entendait dénoncer la « marchandisation » de l’art, via cette performance. Remise en vente sous le nouveau nom de L’Amour est dans la poubelle (« Love is in the bin »), elle avait finalement été achetée 18,6 millions d’euros, un record pour l’artiste.
Depuis le début de l’invasion russe de l’Ukraine, Banksy a apporté son soutien aux Ukrainiens. Il a mis en vente en janvier 50 sérigraphies destinées à recueillir des fonds au profit des civils.
Et il avait posté mi-novembre sur son compte Instagram une vidéo compilant ses œuvres peintes au pochoir dans le pays, dont celle représentant un individu portant un masque à gaz à Gostomel, confirmant ainsi en être l’auteur.