Dès aujourd’hui, Cannes déroule le tapis rouge à une pléiade de stars, dont Harrison Ford, Johnny Depp ou Natalie Portman, avec 21 films en quête de la Palme d’or, sur fond de possibles perturbations sociales.
Qui succédera au Suédois Ruben Östlund, lauréat l’an passé avec Triangle of Sadness et président du jury cette année? En attendant le verdict, la Croisette effectue les tout derniers préparatifs pour accueillir quelque 35 000 festivaliers. Dimanche, le portrait de Catherine Deneuve, de 25 mètres sur 11 mètres, affiche de cette 76e édition, a été hissé sur le frontispice du Palais. En noir et blanc, le cliché avait été réalisé en 1968 lors du tournage de La Chamade d’Alain Cavalier.
Illustration de l’héritage que représente le festival, c’est la fille de Catherine Deneuve et de Marcello Mastroianni, Chiara Mastroianni, qui présentera les cérémonies d’ouverture, aujourd’hui, et de clôture, le 27 mai. Foulé par des pieds illustres, le fameux tapis rouge, long de 60 mètres, sera lui bien installé sur les marches du Palais. Soucieux de protéger l’environnement, les organisateurs ont «divisé la fréquence de changement du tapis par deux» depuis 2021, pour économiser ainsi «près de 1 400 kilos de matière», apprend-on du festival.
Pluie d’étoiles
Parmi les étoiles en compétition pour la Palme, des habitués comme le Britannique Ken Loach, 86 ans, déjà deux fois lauréat (2006 et 2016), l’Allemand Wim Wenders, couronné en 1984 avec Paris Texas, ou encore l’Italien Nanni Moretti. Le cinéaste finlandais Aki Kaurismaki est aussi de retour avec Les Feuilles mortes, tout comme l’Italien Marco Bellocchio, 83 ans, avec L’Enlèvement, qui raconte l’histoire d’un enfant juif kidnappé par l’Église catholique et converti de force au XIXe siècle. Le Japonais Hirokazu Kore-eda, sacré en 2018 avec Shoplifters, présente Monster.
Côté français, dix ans après Abus de faiblesse, son dernier film, la fragile et sulfureuse Catherine Breillat présente L’Été dernier, tandis que le Franco-Vietnamien Tran Anh Hung, auteur en 1993 du poétique L’Odeur de la papaye verte, propose La Passion de Dodin Bouffant, histoire d’amour au XIXe siècle sur fond de gastronomie. Cinquante ans après une édition 1973 où la Suède avait présidé le jury, en la personne d’Ingrid Bergman, et où La Grande Bouffe, autre histoire de bonne chère, avait fait scandale, de qui viendra l’inévitable polémique de Cannes?
Peut-être du film d’ouverture, Jeanne du Barry. Sa réalisatrice, Maïwenn, est visée par une plainte du journaliste Edwy Plenel, qu’elle a reconnu avoir agressé dans un restaurant. Elle s’y met en scène en favorite du roi Louis XV, incarné par Johnny Depp, persona non grata sur les plateaux américains depuis des accusations de violences conjugales puis des accusations mutuelles de diffamation avec son ancienne épouse Amber Heard.
La CGT sur les dents
La présentation, le lendemain en compétition, du film Le Retour de Catherine Corsini, pourrait aussi faire des vagues : ses financements publics lui ont été retirés pour ne pas avoir déclaré comme la loi le prévoit le tournage d’une scène explicitement sexuelle, mais simulée, impliquant une actrice de moins de 16 ans. Comme les années précédentes, cette 76e édition est placée «sous un haut niveau de sécurité», avec un dispositif qui comprend un millier de gendarmes, policiers nationaux et municipaux et agents de sécurité privée.
Dans un contexte de tensions sociales en France, un arrêté préfectoral, «identique à celui des années précédentes» selon la préfecture, a été pris pour interdire toute manifestation autour de la Croisette pendant la durée du festival. Mais cela ne refroidit pas la CGT qui a annoncé différentes actions dans le cadre de son opposition à la réforme des retraites. Fin avril, la CGT Énergie avait aussi évoqué des «perturbations énergétiques», autrement dit des projecteurs qui pourraient s’éteindre, faute de courant.
Les 21 films en lice pour la Palme d’or
Club Zero / Jessica Hausner
The Zone of Interest / Jonathan Glazer
Kuolleet Lehdet (Les Feuilles mortes) / Aki Kaurismaki
Les Filles d’Olfa / Kaouther Ben Hania
Asteroid City / Wes Anderson
Anatomie d’une chute / Justine Triet
Kaibutsu (Monster) / Hirokazu Kore-eda
Il sol dell’avvenire (Vers un avenir radieux) / Nanni Moretti
La chimera (La Chimère) / Alice Rohrwacher
Kuru Otlar Ustune (Les Herbes sèches) / Nuri Bilge Ceylan
L’Été dernier / Catherine Breillat
La Passion de Dodin Bouffant / Tran Anh Hung
Rapito (L’Enlèvement) / Marco Bellocchio
May December / Todd Haynes
Firebrand / Karim Aïnouz
The Old Oak / Ken Loach
Banel & Adama / Ramata-Toulaye Sy
Perfect Days / Wim Wenders
Jeunesse (Le Printemps) / Wang Bing
Le retour / Catherine Corsini
Black Flies / Jean-Stéphane Sauvaire