C’est en musique que la Philharmonie et l’Orchestre philharmonique du Luxembourg ont présenté, mardi, leur pléthorique saison 2017/18. Une douzième saison entre grands noms et découvertes.
Comme à son habitude, la 12e saison de la Philharmonie de Luxembourg sera dense, diverse, étonnante… L’OPL et son directeur musical, Gustavo Gimeno, y auront, comme toujours, une place prépondérante. Mais laisseront aussi une grande place à de grands musiciens et chefs invités, à des orchestres de réputation mondiale. Et puis la musique classique saura, comme tous les ans, partager son temple national avec le jazz, la world, la pop et tout un tas d’autres évènements, toujours de grande qualité.
Tintin se voulait «le journal des jeunes de 7 à 77 ans», la Philharmonie fait bien mieux en proposant concerts et spectacles pour spectateurs de 0 à 106 ans. Et encore… les personnes atteintes par la limite d’âge ne devraient pas se voir refoulées de l’institution culturelle de la place de l’Europe. On peut mettre de côté marketing et belles phrases publicitaires, il n’en reste pas moins que la Philharmonie organise effectivement des manifestations pour tout un chacun.
Des bébés sortis depuis peu de la maternité – cycle 1.2..3… musique – aux grands mélomanes – cycle Grand rendez-vous de l’OPL, cycle Grands orchestres, cycle Grands chefs, cycle Grandes voix ou encore cycle Grand solistes, etc. – sans oublier aucune des catégories qui pourraient se classer entre ces deux extrêmes.
Les enfants sont choyés comme nulle part ailleurs – mises à part les Rotondes – avec de nombreux programmes prévus selon les tranches d’âge et langues, de la naissance donc jusqu’à la majorité. Avec des spectacles, toujours de haute qualité, mais allant crescendo dans la durée et la complexité.
Sans oublier que de nombreux concerts qui ne leur sont pas exclusivement dédiés sont parfaitement à leur portée : les concerts commentés du cycle «Dating» avec Jean-François Zygel – artiste en résidence pour la troisième année consécutive –, ou encore les ciné-concerts : si Le Cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene, peut faire un peu peur à certains, Amadeus de Milos Forman et surtout Les Triplettes de Belleville de Sylvain Chomet ainsi que Croc-Blanc d’Alexandre Espigares peuvent sembler plus grand public.
Les amateurs de musique classique, eux, peuvent se réjouir des 15 concerts annoncés de Gustavo Gimeno avec «son» OPL, qui jouera pour la première fois Wagner sous la direction de son chef attitré, et qui consacrera, c’est rare, un de ses concerts à la musique américaine avec des œuvres de Gershwin et Bernstein. Pour le reste, sa saison comprendra Mozart, Brahms, Wagner, Bartok, Tchaïkovski, Strauss, sans oublier, bien sûr, l’opéra : Don Giovanni , Il barbiere di Siviglia et Pelléas et Mélisande ; ou encore la musique de ballet.
L’OPL sera par ailleurs dirigé par Pierre Cao, Carl Davis, Lahav Shani, Juraj Valcuha, Jérémie Rhorer accompagnés par des solistes d’exception tels que Krystian Zimerman (violon), Daniel Barenboim (piano), Khatia Buniatishvili (piano), Anja Harteros (soprano) ou encore Sir Bryn Terfel (baryton-basse) pendant la saison.
Des résidences de prestige
Et au-delà de l’OPL, le public pourra admirer le Symphoniorchester des Bayerischen, l’Estonian Festival Orchestra, l’orchestre de Paris ou encore des orchestres londoniens (Philharmonia Orchestra et London Symphony Orchestra). Ce dernier, ainsi que son chef, Sir Simon Rattle, seront en résidence à la Philharmonie cette année. Il en va de même pour le Jazz at Lincoln Center Orchestra, pour la soprano Anna Prohaska ou encore le chef Paavo Järvi.
Bref, la musique classique et de chambre sont chez elles à la Philharmonie. Ce qui n’a jamais empêché la structure de s’intéresser aux autres genres. Le jazz a, depuis des années maintenant, trouvé sa place à la Philharmonie. Et ce sera encore le cas la saison prochaine. Outre le Jazz at Lincoln Center Orchestra en résidence – qui proposera trois rendez-vous en compagnie du célèbre trompettiste Wynton Marsalis –, le Christian McBride’s New Jawn, Pat Matheny, le trio grand-ducal Reis-Demuth-Wiltgen et Cécile McLorin Salvant auront également les honneurs du grand auditorium.
Plus intimiste dans la salle de musique de chambre, la deuxième saison du «Jazz club» accueillera, elle, Maria Joao et Egberto Gismonti, Tigran Hamasyan, Émile Parisien et Joachim Kühn, Maxime Bender, Dave Douglas et Uri Caine ainsi que The Bad Plus.
Les musiques du monde ne seront pas en reste avec Vinicius Cantuaria, un des grands représentants de la bossa nova, Carminho, la nouvelle reine du fado, le quatuor Thrace, du nom de cette civilisation qui s’étendait dans les Balkans, de la Grèce actuelle à la Bulgarie en passant par la Turquie, Dhafer Youssef avec sa fusion de chant soufi, musique arabe, jazz et electro, la star flamenco Tomatito, la chanteuse malienne Fatoumata Diawara, la musique grecque de Savina Yannatou ou encore la légende vivante de la musique sud-américaine Gilberto Gil.
Autre venue de prestige, celle du guitariste béninois Lionel Loueke qui jouera accompagné de l’OPL sous la direction de Gast Waltzing.
Les deux festivals de la Philharmonie : Rainy Days et Atlântico restent en place, tout comme les cycles plus de niche tels que Pops, Chill at Phil, after work, Heure de pointe ou On the border. Ils sont rejoints dans cette programmation pléthorique par un nouveau cycle : Urban. Une série de concerts pour un public à la recherche de nouveautés, amateur de mélanges de genres, de pluridisciplinarité. Parmi ses cinq propositions, à noter Goldberg City Variations de Francesco Tristano, présentée comme une «utopie architecturale sur Bach». Sacré programme!
Pablo Chimienti