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Pas de Food For Your Senses en 2018 : l’agriculture prime sur la culture !


Le ciel s'assombrit de nouveau sur le Food For Your Senses ! (photo Pablo Chimienti)

Voilà plusieurs semaines que l’annulation semblait se préciser. Le couperet est tombé lundi avec l’annonce sur la page Facebook de la manifestation. Comme en 2015 et 2016, le festival Food For Your Senses n’aura pas lieu en 2018.

Pourtant lors de sa renaissance au Kirchberg, l’an dernier, l’équipe organisatrice assurait qu’elle avait signé une convention pluriannuelle et que le site, à côté des bureaux de RTL, était désormais assuré pour au moins trois ans. Ils avaient oublié de préciser un détail : le terrain est assuré, mais à condition de trouver un accord sur les dates du rendez-vous musical avec les autres utilisateurs des lieux, des agriculteurs. Un détail qui prend désormais toute son importance, car cet accord n’a pas été trouvé pour cette année.

Le sera-t-il pour l’an prochain ? Où est-ce que certains auront une nouvelle fois loisir de toute bloquer ne serait-ce que par mauvaise volonté ? Car visiblement l’agriculture prime sur la culture ! Et puis, il ne faut pas oublier les riverains qui s’étaient pas mal fait entendre, eux aussi, en août dernier, pour dire tout le mal qu’ils pensaient des nuisances sonores que représentait le festival, dans un lieu habituellement si tranquille ! Ont-ils joué sur cette non-disponibilité des lieux ?

C’est quoi cette histoire ?

Pour l’heure la communication de l’équipe organisatrice est contradictoire. Si son président Luka Heindrichs, assure en interview que la demande pour réserver les dates 2019 est déjà introduite, sur son Facebook, le festival écrit : «Au cours des prochains mois, il y aura quelques réflexions pour voir si nous sommes en mesure de faire face à tout le travail d’un tel festival et si nous sommes encore capables de le faire au Kirchberg». Comprenne qui pourra !

Mais sérieusement, c’est quoi cette histoire où un des plus grands festival de musiques actuelles d’un pays disparait, à nouveau, du paysage culturel à cause de la mauvaise volonté de quelques-uns ? Comment accepter ça alors que le festival Terres Rouges d’Esch-sur-Alzette n’est plus, que le Rock-A-Field de Roeser est en pleine année sabbatique… depuis deux ans, que le Rock-Um-Knuedler de la capitale n’est plus que l’ombre de lui-même et que la Fête de la musique de Dudelange n’arrive plus à attirer de grandes têtes d’affiche internationales, on est en droit de se demander si le pays a encore envie de voir des festivals de musique en plein air exister ! Si les musiques actuelles intéressent les dirigeants ! Si on veut vraiment dans ce pays donner aux groupes locaux une chance de réussir ! Et c’est bien triste.

Oh certes, des rendez-vous plus modestes – E-lake, Nordic rock, Funky Donkey… – ou spécialisés – Blues Express, MeYouZik, Blues’n Jazz Rallye… – demeurent, mais le FFYS, c’était autre chose ! Un festival qui parle. Grand, immense même, mais à des années lumière des mastodontes ultra-commerciaux qui peuvent exister ailleurs. Une manifestation faite par des passionnés, avec des prix modiques, une ambiance à la «cool» et une programmation pleine de découvertes.

«Un très chouette festival et aussi une très belle plate-forme pour les groupes locaux qui avaient là l’occasion de jouer devant des groupes internationaux», regrette-t-on désormais auprès de music:LX. Il faudra donc inventer autre chose pour faire connaître – et encore pus difficile, pour exporter – les groupes grand-ducaux ! Enfin, si cela intéresse encore quelqu’un au ministère de la Culture ! Là, franchement, on est en droit de se poser la question…

Pablo Chimienti