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Paris : quand le musée se met au sport


Sur deux parcours, les participants pourront combiner découvertes et exercices physiques. (Photo AFP)

Dans le Paris olympique, on peut aujourd’hui aller au musée tout en faisant du sport. Des marches dites culturelles et sportives, aussi bonnes pour la tête que pour le corps. Ambiance.

Les adeptes des cultures artistique et physique peuvent désormais marier leurs deux passions dans un seul et même lieu et faire de l’exercice dans plusieurs musées parisiens, en suivant des parcours proposés tout l’été. À l’approche des Jeux olympiques (26 juillet-11 août), il n’est désormais plus incompatible de venir au musée comme dans une salle de gymnastique, baskets aux pieds, gourde à la main et sac au dos – qu’on portera sur la poitrine pour ne pas bousculer les pièces exposées – et de s’entraîner au milieu d’œuvres d’art.

Paris Musées propose ainsi des marches culturelles et sportives jusqu’au 25 août. Sur deux parcours (au centre, avec notamment le musée Carnavalet et la maison de Victor Hugo, et au sud, dont le musée Zadkine et celui de la Libération), les participants pourront combiner découvertes et exercices physiques. «Connaissez-vous cet endroit?». La guide et coach sportive Julie Pelloille, qui anime ces «marches sportives et culturelles», s’arrête devant l’entrée du musée Zadkine, dans l’ancien domicile et atelier d’Ossip Zadkine. Né en 1888 à Vitebsk, aujourd’hui au Bélarus, installé à Paris au début du XXe siècle, l’artiste est considéré comme l’un des plus grands maîtres de la sculpture cubiste.

Julie Pelloille fait sa présentation avant d’entrer au jardin «parce qu’après, vous ne m’écouterez plus», subjugués par la beauté du lieu, beaucoup plus petit et moins connu que les Louvre, le musée d’Orsay ou le centre Pompidou, à l’image d’autres musées qui font partie de ce parcours. Après les sculptures de Zadkine célébrant les joyeux corps en mouvement avant la guerre, disloqués après 1945, place au «thrusters» pour les visiteurs. Cet exercice clé du crossfit, discipline très à la mode ces dernières années en France, consiste à enchaîner une flexion sur jambes (squat) et un développé, sollicitant de nombreux groupes musculaires.

Il n’y a pas une fracture entre les sportifs et les pratiques culturelles

Dans ce cadre artistique, le crossfit, une pratique sportive pluridisciplinaire, généralement associé «aux gens très musclés» et qui pourrait sembler «inaccessible», apparaît pour le coup comme «ludique» et «inclusif», estime Julie Pelloille. C’est aussi vrai dans l’autre sens : on percevrait mieux les œuvres d’art après une marche dynamique et des exercices, ce qui constitue «la philosophie» de ce projet, ajoute-t-elle. «Il n’y a pas une fracture ou une frontière étanche entre les sportifs et les pratiques de loisirs culturels», assure Frédérique Leseur, cheffe du service des publics chez Paris Musées, à l’origine de l’initiative.

Donner le goût de «bouger et d’ouvrir l’œil» à des publics pas forcément acquis aux musées pourraient les inciter à revenir dans ces établissements, gratuits, veut croire la responsable. Le parcours commence dans le musée de la Libération, où l’on descendra et remontera 100 marches pour s’échauffer et visiter un abri de défense passive transformé en salle d’état-major qui jouera un rôle décisif dans la Libération de Paris en 1944.

«Il y a vingt ans cela n’aurait pas été possible»

La directrice de l’établissement, Sylvie Zaidman, accueille cette «descente» sportive avec sourire. «Il y a vingt ans cela n’aurait pas été possible», confie-t-elle. «Aujourd’hui, on est vraiment rentré dans une ère où la génération qui a vécu la Résistance s’est éteinte», souligne-t-elle. Le musée «s’ouvre à tous les publics» et cherche à «raconter une histoire, insister sur les valeurs, parler de la liberté et de la privation de liberté» avec des moyens qui auraient pu paraître «décalés» comme des escape games ou des casques de réalité mixte pour «rencontrer» les résistants. «L’inattendu, c’est très important pour se renouveler», insiste-t-elle.

La marche, censée être accessible pour le grand public, ne passera cependant pas par les catacombes toutes proches afin de ne pas mettre mal à l’aise les cardiaques et les claustrophobes. En revanche, on travaillera sa posture en plein air, avant d’accélérer le pas pour passer au plus vite l’agitée et bruyante place de la gare Montparnasse et mieux apprécier le havre de paix du musée Bourdelle, à quelques encablures. Au son de chants d’oiseaux, on travaillera l’équilibre et on se renforcera les mollets au pied de la sculpture de Héraklès archer d’Antoine Bourdelle montrant la beauté des muscles contractés, au milieu des hortensias.