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Othello XXL au Grand Théâtre de Luxembourg


«Une pièce érotique, sur le destin, le désir et la beauté». (photo ©Dominique Houcm)

Présenté le mois dernier à Liège, puis à Namur, l’Othello de Shakespeare par Aurore Fattier, arrive au Grand Théâtre de Luxembourg. Une adaptation qui s’annonce étonnante.

« Jouer Shakespeare, c’est à chaque fois une expérience », lance le comédien grand-ducal Serge Wolf, à l’affiche, à partir de ce mercredi soir et jusqu’à dimanche, au Grand Théâtre dans cet Othello d’Aurore Fattier. «Pour moi, Shakespeare c’est un tout. Avec Shakespeare, on a toujours l’ensemble du théâtre qui est abordé. Tous les registres. La farce, la comédie, la philosophie, la métaphysique, le drame…», poursuit-il.

Le drame surtout en ce qui concerne Othello – dont le titre initial complet est Othello ou le Maure de Venise. Une tragédie qui, comme le rappelle le cahier pédagogique du théâtre de Liège qui accompagne la pièce, représente «une pièce de maturité pour Shakespeare». Un sujet ultra-contemporain, finalement, sur un amour entre un Noir et une Blanche et le rejet, raciste, que celui-ci provoque autour des amoureux.

Un récit en cinq actes que la metteure en scène, née à Port-au-Prince et installée en Belgique, voit aujourd’hui comme «une pièce érotique, sur le destin, le désir et la beauté». Aurore Fattier aime réinterpréter de grands classiques, proposer une hybridation textuelle et faire des propositions scéniques innovantes. Ainsi, si le public retrouvera dans cet Othello «Shakespeare, son univers ainsi que les personnages centraux de la pièce», assure Serge Wolf , inutile de s’attendre, ici, à une adaptation fidèle à celle de 1604.

Songe d’une nuit de noces

Cet «Othello sera free jazz», précise d’ailleurs le Grand Théâtre. «Les personnages, masqués de noir et de blanc, glisseront d’un rôle à l’autre, entraînant les spectateurs dans un vertige de théâtre dans le théâtre, à travers les époques, l’Europe, l’Afrique fantasmatique et l’Amérique. Son unité d’action sera le songe d’une nuit de noces à la temporalité labyrinthique. Ses espaces imaginaires scéniques seront le théâtre lui-même, un carnaval à Venise, un jardin d’éden exotique, et une chambre d’hôtel de luxe jouxtant une piscine au milieu d’un désert des confins de l’Europe, où une scène originelle, le meurtre d’une femme blanche par un homme noir pourrait se répéter à l’infini.»

«Dans cette traduction et adaptation, il y a une volonté de ‘contemporainiser’ le langage de Shakespeare, les tournures, le style, la rythmique, etc. pour que ce soit plus aisément recevable par le public d’aujourd’hui. L’approche et le traitement sont totalement nouveaux», note Serge Wolf. «Il y a un rapport au public très direct, reprend-il. On s’adresse beaucoup à lui directement. Le fameux quatrième mur a été supprimé pour avoir une prise directe.» Et puis, la vidéo sera également très présente, avec entre autres des scènes tournées, en direct, dans les coulisses et diffusées en même temps sur un coin du décor.

On l’aura compris, c’est une pièce XXL au dispositif scénique d’une grande richesse que le public grand-ducal s’apprête à découvrir. Une pièce de 3h30, ce qui risque de faire un peu peur à certains, mais dynamique et vivante. Une expérience qui s’annonce aussi bien textuelle que visuelle.

Pablo Chimienti