Il s’était fait connaître en icône punk, il triomphe sous les traits d’un homme d’État héroïque : Oscar du meilleur acteur pour son interprétation de Winston Churchill, Gary Oldman s’est illustré dans des rôles très antagoniques au cours de sa carrière.
Dans Les heures sombres du réalisateur Joe Wright, il incarne, grâce à une impressionnante transformation physique, le Premier ministre britannique au début de la Seconde Guerre mondiale, exhortant au courage un pays menacé par le nazisme. « C’est une telle icône, il a tellement été mythifié, que vous vous demandez: est-il possible de briser la statue de marbre et d’atteindre l’homme ? », a-t-il expliqué sur CNN.
Outre les quatre heures quotidiennes de maquillage pendant le tournage, Gary Oldman s’est montré attentif aux détails pour s’immerger dans son personnage. Il a notamment visité le Parlement britannique et les maisons où a habité Churchill, allant jusqu’à s’asseoir dans la chaise utilisée par le politicien conservateur dans son bureau durant la guerre. Il a remarqué des traces d’ongles sur l’accoudoir gauche et les griffures laissées par sa bague sur le droit, qu’il a interprétées comme des signes du stress subi par Churchill et qu’il a intégrés dans son jeu.
Avant l’Oscar, sa performance lui avait déjà valu un Golden Globe. Malgré l’accumulation des récompenses, il trouve sa plus grande satisfaction ailleurs, dans l’approbation des descendants de Churchill. « Dix-sept d’entre eux nous ont rendu visite », a-t-il expliqué. « Ils adorent le film. L’un d’eux m’a dit ‘vous avez vraiment saisi qui était mon arrière-grand-père, son humour, son énergie’. C’est ça, mon Oscar ! ».
Gary Oldman, 59 ans, avait déjà été nominé aux Oscars en 2012, pour son interprétation de George Smiley, un agent secret mélancolique dans La Taupe, une adaptation du roman éponyme de John le Carré. Battu à l’époque par le Français Jean Dujardin, il a pris sa revanche cette fois-ci en écartant Timothée Chalamet, Daniel Day-Lewis, Daniel Kaluuya et Denzel Washington. Gary Oldman s’était rendu célèbre en interprétant une autre icône : Sid Vicious, le chanteur punk des Sex Pistols, dans Sid et Nancy, réalisé par Alex Cox et sorti en 1986. Il avait perdu tellement de poids pour ce rôle qu’il avait dû être brièvement hospitalisé.
Rôles emblématiques
Pendant trois décennies, il a ensuite enchaîné les rôles emblématiques, servis par un style très physique, qui lui a valu une réputation d’acteur polyvalent. Après avoir quitté l’école à 16 ans, il avait pourtant été recalé à l’entrée de la prestigieuse Royal Academy of Dramatic Art. C’est l’école d’art dramatique de Rose Bruford, également très réputée, qui lui a ouvert les bras et lui permis de se lancer dans une carrière fructueuse au théâtre avant de décoller dans les années 1980 au cinéma. Il faisait alors partie de la nouvelle génération d’acteurs britanniques, reconnus à Hollywood et célébrés dans les médias, aux côtés de Daniel Day-Lewis, Colin Firth ou encore Tim Roth.
Il a notamment joué l’assassin du président Kennedy, Lee Harvey Oswald, dans JFK d’Oliver Stone (1991), le comte Dracula pour Francis Ford Coppola (1992) ainsi que dans Léon et Le cinquième élément de Luc Besson. Plus récemment, il a pris part à la série de films Harry Potter, où il joue le parrain du héros, Sirius Black, et à la trilogie The Dark Knight, où il interprète le commissaire James Gordon.
Gary Oldman s’était lancé dans un registre plus intime en 1997, avec l’écriture et la réalisation de Ne pas avaler, un film inspiré de sa propre enfance dans une banlieue du sud de Londres, dépeignant une famille déchirée par la drogue, l’alcool et la violence. Né le 21 mars 1958, Gary Oldman a décrit son père comme un alcoolique, qui avait abandonné sa famille alors qu’il avait sept ans. L’acteur, qui lui-même a rencontré des problèmes d’alcool, est désormais abstinent. Père de trois enfants, il a épousé en cinquièmes noces l’actrice canadienne Gisele Schmidt en 2017.
Le Quotidien/AFP