Ce mardi, le centre culturel de Dudelange repart pour une nouvelle saison, sans changer ses habitudes. Un rythme ronflant qui n’encourage pas l’audace.
Où sont passés les Jean-Louis Murat, Père Ubu ou Mamady Keïta ? De trop rares pépites musicales – pour ne citer qu’elles – ayant parsemé, par le passé, le ciel trop calme et sans nuage de l’Opderschmelz qui, pour sa nouvelle saison (en tout cas, jusqu’en décembre), continue de traverser gentiment dans les clous, s’appuyant sur ce qui fait son succès depuis toujours : une véritable sensibilité «jazz» (tant international que local) et quelques sombres trouvailles, mises en lumière durant le traditionnel «Touch of Noir». Pas sûr que le nouveau site et une première collaboration avec l’Atelier n’atténuent cette impression de déjà vu.
Jazz : forces vives
La rentrée est marquée par deux sorties d’albums «made in Luxembourg» : le onzième (!) pour le très productif pianiste Michel Reis (Short Stories) et le second pour le duo Sascha Ley–Laurent Payfert (It’s Alright to Be Everywhere). Notons la venue du réputé trompettiste américain Ambrose Akinmusire, dont l’ambition, avouée, est d’aboutir à la création d’un univers personnel «au service de la beauté», pourvu qu’elle soit ténébreuse et envoûtante.
L’oeuvre au noir de Tim Burton
S’il y a bien un rendez-vous qui arrive à se renouveler tout en restant pertinent, c’est bien «Touch of Noir», qui depuis neuf ans joue la carte du suspense et du côté obscur. Évidemment, on y trouve… du jazz en mode «opéra» (l’intrigant Oedipe Redux et son casting XXL), sans omettre le pianiste américain Jason Moran, prouvant que la «note bleue» peut avoir des teintes noires. Outre la littérature, point central du rendez-vous (notamment avec la journée «DudeLounge», première du nom»), soulignons l’apparition, toujours énigmatique, de ROME, projet quasi «gothique» de Jérôme Reuter, et surtout la palette consacrée au génial Tim Burton, déclinée en conférence, films et concert sous les doigts de Michelino Bisceglia et avec les voix d’un chœur de six jeunes chanteurs du Conservatoire de Luxembourg.
Folk-pop-blues : Comme une rengaine
Selon des choix personnels qui s’attachent à défendre du blues «old school», des racines irlando-italiennes et des compositeurs mélancoliques, l’Opderschmelz accueillera le guitariste Walter Trout – un survivant déjà connu en 1968 –, les vétérans de 17 Hippies (qui sont en réalité 13), le «cantautore» Pippo Pollina, Danny Bryant et son big band, mais également Ryan Sheridan, tout comme Tom Rosenthal (qui inaugure au passage une toute première collaboration avec l’Atelier). On annonce déjà pour 20210 l’énième retour de Fish et les Celtic Legends, confirmant le choix de la régularité (pire, de la sécurité) au détriment de la fraîcheur.
Fête des cultures : tous ensemble !
La rentrée culturelle à Dudelange passe forcément par la fête des Cultures qui, l’espace d’un week-end, donne rendez-vous au monde entier. En dehors des associations présentes en nombre et des plats typiques, dix groupes mettront l’ambiance, à l’instar du Bernard Orchestar et ses folles sonorités des Balkans.
L’anniversaire de Dominique Lang
Exposition attendue, «Dominique Lang et son époque» met à l’honneur le peintre luxembourgeois (1874-1919) à l’occasion du centenaire de sa mort. Et comme la rétrospective se veut la plus complète possible, elle s’étalera dans cinq endroits, dont l’hôtel de ville et l’église paroissiale.
Gregory Cimatti