En France, l’Ordre des médecins appelle à une régulation des objets connectés qui envahissent notre quotidien. Aux États-Unis, l’agence de défense des consommateurs demande leur sécurisation.
De plus en plus de sportifs utilisent des objets connectés (ici le Fuelband de Nike), qui recueillent des informations précieuses… donc sensibles ! (Photos : AFP)
Bracelets capteurs d’activité physique, pèse-personnes connectés ou tensiomètres reliés à un smartphone: le développement exponentiel des objets de santé connectés rend nécessaire une régulation de ce secteur.
Le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a diffusé cette semaine un « livre blanc » sur la santé connectée, à l’occasion d’un colloque à Paris sur « les enjeux de la santé connectée ».
« Le CNOM se prononce pour une régulation qui impose d’informer l’usager afin qu’il conserve sa liberté dans ce monde connecté et qui assure la fiabilité des technologies et la protection des données personnelles », selon ce livre blanc.
Les objets de santé connectés sont des objets munis de capteurs pour mesurer des paramètres du corps comme le poids, la fréquence cardiaque ou la pression artérielle et qui sont capables de transmettre ces données à une application mobile sur téléphone portable ou à un service web spécifique pour y être stockées et analysées.
Certains de ces objets connectés comme des tensiomètres (pour prendre la tension) ou des glucomètres (pour mesurer la glycémie) sont conseillés par des médecins à leurs patients pour leur permettre de suivre plus efficacement certains paramètres essentiels à leur santé.
Le secteur médical est aussi concerné (ici, un glucomètre).
Avec ce livre blanc, l’Ordre des médecins « exprime la nécessité d’une régulation ». Il fait des propositions pour « définir un cadre du bon usage » de ces outils, alors que les patients sont précisément « en attente de conseils de la part de leurs médecins » sur ces nouveaux objets.
Autre proposition de l’Ordre, l’instauration d’une régulation « adaptée et européenne » pour ces outils avec comme « minimum » l’obligation d’une « déclaration de conformité à un certain nombre de standards ».
Une telle déclaration devrait porter au moins sur la confidentialité des données recueillies, sur la sécurité informatique et sur la sûreté sanitaire de l’outil en question.
La sécurité et la confidentialité des données sont un point clé dans le domaine de la santé connectée puisque ces outils sont capables de dialoguer avec un téléphone portable ou un site internet dédié.
Dans plusieurs pays, comme la France et le Luxembourg, il est interdit de collecter des données personnelles, comme celles liées à la santé, sans l’accord de la personne concernée. La vente de données de santé nominatives est également prohibée.
> Des applications très « généreuses »
Cette problématique n’épargne évidemment pas les États-Unis, gros consommateur d’objets connectés. En début d’année, une agence américaine de défense des consommateurs, la Federal Trade Commission (FTC), a ainsi demandé que la myriade d’objets connectés à internet, conçus pour le sport ou la maison, soient davantage sécurisés.
Ces directives, publiées par la FTC, ne comportent pas de règles nouvelles mais ont généré des critiques, certains reprochant à l’agence d’outrepasser son pouvoir.
« Il y a non seulement des informations très personnelles qui sont en jeu, mais aussi de plus en plus d’objets et donc un plus grand risque de révélations », a expliqué la présidente de la FTC, Edith Ramirez.
« Si l’on veut que ces nouvelles technologies fleurissent, il faut s’assurer que les consommateurs comprennent ce qui est collecté, avec qui ces informations sont partagées, comment ces informations sont utilisées », a-t-elle ajouté.
La FTC a étudié l’an dernier douze applications mobiles pour le sport, et a découvert qu’elles partageaient leurs données avec 76 autres entités.
« Si je porte un bandeau pour le sport qui mesure combien de calories je consomme, je ne voudrais pas que ces données soient transmises à une compagnie d’assurances », a-t-elle affirmé. La FTC n’a pas fait de recommandations spécifiques mais a appelé les sociétés qui développent ces objets connectés à « sécuriser leurs appareils en amont plutôt qu’en aval » et à en évaluer les risques en matière de vie privée et de sécurité.
Mais certaines entreprises ont assimilé ces directives à une tentative de réguler le secteur.
« Au mieux, il s’agit d’un exercice de simulation, au pire, la FTC essaie de réguler en cachette le secteur des objets connectés », a estimé le président du centre de réflexion sur la technologie TechFreedom, Berin Szoka.
Le Quotidien (avec AFP)
ne pas passer sous silence que si les objets connectés en matière de santé et sécurité au travail recèlent de nombreuses potentialités opportunes, ils engendrent aussi des risques professionnels nouveaux plus difficiles à appréhender dont la gestion est complexe et encore incertaine… : http://www.officiel-prevention.com/sante-hygiene-medecine-du-travail-sst/appareils-de-mesure/detail_dossier_CHSCT.php?rub=37&ssrub=152&dossid=576