Rajeuni, apaisé et repensé pour être « mobile first » : un an après la crise qui a secoué « Libération » et vu le départ d’une centaine de journalistes, dont quelques plumes, le quotidien lance une nouvelle formule papier le 1er juin, avant d’autres changements à venir.
« Libération était un quotidien qui publiait une version numérique. Libération sera un site qui publie un quotidien », résume Laurent Joffrin, directeur de la rédaction et historique de ce journal fondé en 1973. Rédaction qui compte aujourd’hui 135 journalistes et dont la moyenne d’âge a baissé de 7 ans.
Dans une semaine, les lecteurs découvriront un journal modifié mais pas bouleversé. La signature du nouveau quotidien, qui passera à 2 euros (1,80 euro actuellement), sera une nouvelle police baptisée « Libé ». Modulable, elle apparaîtra tantôt arrondie, tantôt large, anguleuse ou allongée. Après l' »événement » du jour, en ouverture du journal, une séquence « Expresso » reprendra sur 4 pages et avec des modules « très graphiques » des contenus déjà publiés sur internet, expliquent Laurent Joffrin et Johan Hufnagel, les patrons de la rédaction.
L’idée est de déplacer le centre de gravité du papier vers le numérique. « En se levant, le premier réflexe du lecteur pour consulter les infos, c’est le mobile. Il faut qu’on parte de là pour construire l’actu sur nos différents supports, c’est notre premier point de contact avec lui », poursuit Johan Hufnagel. Désormais à Libération, 50% du trafic web provient du mobile.
Dans le déroulé du journal, viendront ensuite une série de doubles-pages, « des sujets hard news, pas magazine », qui joueront sur la photo et la typographie. Les pages débats et idées seront développées et la séquence « Culture », en fin du journal, sera plus graphique. L’édition du week-end sera enrichie de rubriques « images », « musique », « livres », « voyages » et « gastronomie ». « Il faut que ça fasse très boîte à outils avec des angles. On injecte de l’internet dans le journal », détaille Johan Hufnagel.
Site, applis, télé…
Au rayon des « repères » qui ne bougent pas : le format, le logo, la pagination, l’événement du jour et le portrait de « der ». « On doit être dans le comment et le pourquoi. Le qui, le où, le quand et le quoi sont partout », décrypte Laurent Joffrin qui souhaite également que Libération « suscite le débat ».
A côté de ce Libé papier « réinventé », et après le lancement du « direct » sur le net en mars et de la nouvelle version de son mensuel « Next » en mai, le site et les applications feront également peau neuve cet été avant la mise en place d’un paywall (lecture gratuite d’un nombre limité d’articles par mois, NDLR) à la rentrée. Parmi les autres projets dans les cartons, le lancement d’une télé « d’analyse » vers la fin de l’année.
Le Quotidien/AFP