Le nombre de décès liés à la drogue en Ecosse a bondi de 27% en 2018, avec 1 187 morts, un chiffre record dû à la consommation d’opioïdes, selon un rapport de l’office écossais des statistiques publié mardi.
Héroïne, morphine, méthadone, codéine : la consommation d’un ou plusieurs opioïdes est impliquée dans 1 021 décès (86%). Si l’Écosse était considérée comme un pays indépendant, le nombre de morts liées à la drogue, rapporté à la population, serait plus élevé que dans n’importe quel pays de l’UE. Ce taux est d’ailleurs trois fois plus important que pour l’ensemble du Royaume-Uni.
Selon l’office des statistiques, les décès touchent principalement les hommes (72%), la classe d’âge 35-44 ans (37%), et la zone de Glasgow (33%), la grande ville de l’ouest écossais. Ces chiffres sont « choquants », a réagi le ministre écossais de la Santé, Joe FitzPatrick. « Il est essentiel que cette tragédie soit traitée comme une question de santé publique et nous sommes prêts à prendre des mesures novatrices et audacieuses ».
« Cesser de criminaliser les utilisateurs pour les mettre en contact avec les services de traitement »
Ces statistiques « ne correspondent pas à l’une des sociétés les plus prospères » d’Europe, a également commenté Roseanne McLuskie, une responsable de l’association Addaction, qui lutte contre la toxicomanie. « Nous devons cesser de criminaliser les personnes qui utilisent des drogues et les mettre en contact avec les services de traitement. Nous soutenons également des appels pour des salles de consommation de drogues à Glasgow et à Dundee, ainsi que des services de dépistage de drogues dans les grandes villes », a-t-elle ajouté, dans un communiqué.
Plusieurs responsables politiques écossais ont également appelé par le passé à la création de salles de shoot médicalement supervisées, sans convaincre à ce stade le gouvernement conservateur britannique, qui a la main sur la politique en matière de drogue. Selon la Première ministre Theresa May, il faut « d’abord veiller à ce que les gens ne se droguent pas ».
Le centre d’expertise Release, spécialisé dans les drogues et les législations afférentes, a dénoncé de son côté « l’impact » des politiques d’austérité mises en place par les conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir en 2010. « La suppression de filets de sécurité sociale » et les coupes dans les prestations sociales ont contribué « de manière significative à ces statistiques épouvantables », a estimé le chef de l’organisation, Niamh Eastwood, dans un communiqué.
Le milieu de la drogue écossais a été rendu célèbre par le succès du film « Trainspotting » (1996), adapté du roman d’Irvine Welsh, qui avait lancé la carrière de l’acteur Ewan McGregor.
LQ/AFP