Prix du public du Festival Premiers Plans d’Angers, le film Préjudice, du Belge Antoine Cuypers, sort ce mercredi sur les écrans.
Dans ce premier long-métrage, Antoine Cuypers se penche sur une famille, dont il observe chaque élément à la loupe de sa caméra. Ou comment Cédric, élément dysfonctionnel au milieu des faux semblants, fait éclater les certitudes de bonheur.
Quand un jeune réalisateur se penche sur la question de la famille autrement que par le prisme de la comédie, cela fait forcément mal. Quand, en plus, il plante un détonateur au milieu du décor, ici l’étonnant Thomas Blanchard, cela finit forcément par exploser.
Sauf que le systématisme du film est aussi sa faiblesse. À force d’appuyer là où cela fait mal, sans nuance, Antoine Cuypers lasse. Trop stylisé, parfois maniéré, le film pèche par une construction brouillonne, entre scènes statiques autour de la table et caméra tourbillonnante dans la maison.
Quelques promesses
Filmé dans un ton verdâtre d’un triste goût, il laisse pourtant passer quelques fulgurances d’acteurs, entre l’excellente Nathalie Baye, froide et manipulatrice, ou le puissant Thomas Blanchard. À leurs côtés, Arno frôle l’insipide, tout comme Eric Caravaca, en gendre idéal mais totalement niais. Mais ils sont à l’image de leurs rôles peu nuancés.
La force d’un Festen était ce délicat crescendo qui aboutissait à une apothéose grandiose. Ici, sans savoir comment finir son film, Antoine Cuypers montre par trop ses hésitations. Au point que le film n’en finit pas. Dommage, car l’ambiance oppressante est au rendez-vous. L’ombre de Luis Bunuel et de son Ange exterminateur plane même sur cette famille littéralement coincée dans ses non-dits, au milieu d’une maison qui semble se replier sur elle-même.
Le film renferme des promesses et Antoine Cuypers, à 32 ans, en est une. Mais pour son second, il lui faudra travailler un peu plus l’écriture.
Christophe Chohin