Le quintette de rock grand-ducal My Own Ghost a sorti, vendredi dernier, son deuxième album : Life on Standby. Un enregistrement ultratravaillé dans un écrin ultraléché.
Près de trois ans après leur premier album, Love Kills, Julie Rodesch, David Soppelsa, Michael Stein, Joe May et Fred Brever sont de retour dans les bacs avec Life on Standby un album 10-titres à la frontière entre power rock et metal avec des pointes d’electro et un soin tout particulier apporté aux textes.
La première chose qui frappe quand on a entre les mains le nouvel album de My Own Ghost, c’est la beauté visuelle de la couverture. Un corps hybride mi-femme, mi-mannequin, en plusieurs morceaux, cachant, entre les différentes pièces, des filaments pouvant faire penser aussi bien à des fils électriques qu’à des vaisseaux sanguins, et, dans un trou situé à la place de l’estomac, une paume rouge ensanglantée. À la fois beau et parlant de ce qu’on va trouver sur la galette.
« C’est une image qui va avec notre musique , confirme le guitariste David Soppelsa. On voulait avoir un concept cohérent. On avait cette idée de titre, Life on Standby , et pour bien l’illustrer, on s’est dit qu’on pouvait le faire avec des mannequins. Là, on a découvert le travail d’une artiste irlandaise (NDLR : Nina Y.), qui nous a bien plu et qui a bien voulu faire quelques ajustements pour nous .» De là, l’idée de mannequin est restée, et même l’habituelle photo du groupe à l’intérieur de la pochette voit les membres du groupe remplacés par des humanoïdes en plastique.
Mais la musique, elle, n’a rien d’artificiel. Si les musiciens ne rechignent pas à intégrer l’un ou l’autre son électronique dans l’album, l’ensemble est on ne peut plus organique. Et le son fait honneur aux différents instruments. « La plus grande différence par rapport à notre premier album, Love Kills , c’est que celui-ci a été produit par le Finlandais Hiili Hiilesmaa, qui a beaucoup travaillé avec des groupes comme Him, Apocalyptica, Amorphis… et apporté beaucoup au niveau sonore », souligne la chanteuse Julie Rodesch.
« Il connaît très bien le son recherché , reprend David Soppelsa, on entend donc très bien la batterie, les guitares sont puissantes et la voix ressort très bien elle aussi. Notre son est donc beaucoup plus affiné, plus évolué que ce qu’il a pu être par le passé .»
Et il faut reconnaître que tout au long des dix morceaux et des 37 minutes de l’album, chaque instrument, voix incluse, est parfaitement à sa place. En harmonie avec les autres.
De longues tournées européennes
En d’autres termes, si la musique est «heavy», le son, lui, est limpide. Parfait pour mettre en valeur le travail d’écriture de la frontgirl qui travaille, sur ce point, seule, sur les compositions quasiment achevées de ses camarades. « Mes textes parlent des gens, des relations entre les personnes, de différentes situations dans la vie, etc. Ce sont tous des textes très personnels. Du vécu, ou des questions que je me pose », note-t-elle.
La chanson qui a donné le nom à l’album, par exemple, parle d’une personne qui ne parvient pas à vivre sa vie pleinement. « Elle est comme coincée dans son existence, elle voit la vie qui passe, mais n’a pas le courage de sortir du cercle vicieux dans lequel elle s’est enfermée. » Un sentiment que de nombreux auditeurs pourront sinon partager, du moins comprendre. Le sens d’ If I Stay n’est pas très éloigné, avec cette personne qui en a marre, veut partir, mais est retenue par ses obligations. Le rythme, par contre, est tout autre, plus calme, posé. Mais le texte le plus personnel est probablement The Night Before I Die , que la chanteuse a dédié à son grand-père malade de Parkinson.
Tous les nouveaux morceaux ont été présentés, vendredi dernier lors de la soirée de lancement de l’album à la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette. « L’endroit parfait pour ça », note David Soppelsa. Étrangement, si le groupe a déjà joué une trentaine de concerts depuis le début de cette année, plus rien n’est prévu dans l’immédiat. « On cherche encore des concerts, voire des festivals au Luxembourg pour les mois de juin et juillet », avouent néanmoins les membres du groupe.
En septembre, en tout cas, ils reprendront les routes européennes en tant que support band du groupe de metal allemand Serious Black. Plus tôt dans l’année, My Own Ghost a accompagné les Australiens de Carvel dans leur tournée en Europe de l’Est ou encore Tarja Turunen, l’ex-chanteuse de Nightwish, à travers toute l’Europe de l’Ouest. Rares sont les groupes luxembourgeois à pouvoir se targuer d’une telle liste de concerts à l’étranger et de telles collaborations.
Des tournées très instructives, reconnaissent les rockeurs grand-ducaux. « On était avec toute une team très pro, ce qui fait qu’on apprenait constamment. Chaque jour, on voyait des choses qui nous ont fait avancer en tant que groupe », reconnaît Julie, qui a également profité des jours passés avec Tarja Turunen pour parler avec elle du métier de chanteuse, pour prendre de petits détails pratiques sur la vie en tournée, etc., et surtout s’inspirer, pas tant de la chanteuse – « nos voix sont très différentes » –, mais de la «performeuse». Des concerts qui, en plus, ont élargi la « fan base de My Own Ghost », assurent ses membres. « On a rencontré des gens en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et même en Angleterre pendant la tournée, qui sont venus à la KuFa vendredi dernier, rien que pour nous voir! »
Ceux qui n’ont pas pu être présents, par contre, peuvent désormais commander Life on Standby dans les différentes discothèques numériques sur internet. Pour l’album physique, il y a également la possibilité de contacter le groupe par courriel. À moins que de nouvelles dates grand-ducales s’ajoutent sous peu au programme du quintette.
Un quintette qui ne compte néanmoins pas attendre de possibles engagements les bras croisés. Avec treize nouveaux morceaux déjà sous le coude, le groupe va très rapidement se lancer dans l’enregistrement de son troisième album. Une nouvelle galette prévue pour le début 2019. Pas fainéants les fantômes!
Pablo Chimienti