Duo star distingué en 2020 par une Victoire de la musique, Vitaa et Slimane font le point sur leur collaboration et leurs succès, avant de repartir ensemble en tournée.
Avec Versus, Vitaa et Slimane ont mis en mots et en musique les maux et les espoirs de toute une génération. Une véritable rencontre artistique : le public ne s’y est pas trompé et le disque s’est écoulé à 900 000 exemplaires. La première partie de leur tournée a été, elle aussi, un succès et le duo sera de nouveau sur les routes cette année, passant notamment au stade de Lille le 25 juin et à la Défense Arena, à Paris, le 17 décembre. Rencontre.
Aviez-vous prévu le succès de cet album ?
Vitaa : On espérait que ce serait une belle aventure, mais, très honnêtement, nous avons été totalement dépassés par l’engouement. Les gens ont porté notre duo et en ont fait un succès. En concert également, c’est assez fou.
Ce disque a également rencontré le public grâce à vos très bonnes chansons. Avant toi, par exemple, était une évidence…
Slimane : C’est l’un de nos morceaux préférés. En studio, on s’est dit que ce serait bien de faire une chanson d’amour qui touche les gens et, pourquoi pas, sur laquelle une personne peut demander quelqu’un en mariage. Quand on est sorti du studio, on s’est dit qu’elle cochait toutes les cases. Une chanson qui entre à ce point dans la vie des gens, c’est le plus beau cadeau que l’on puisse faire à un auteur-compositeur-interprète. Son succès a été la cerise sur le gâteau. Le public s’est tellement approprié cette chanson qu’en concert, on le laisse la chanter en totalité (elle rit)!
Avant toi a de plus été n° 1 en Autriche, a été classé top 10 au Luxembourg, en Allemagne, en Suisse… Une fierté d’avoir ainsi dépassé les frontières ?
V. : Elle a eu une vie à l’international en effet et il y a certainement là notre seul regret : nous étions tellement dans un tourbillon de promo et de télés en France que nous n’avons pas pu pousser cela… Quand on voyait ce qui se passait dans les classements de ces pays européens, nous étions vraiment étonnés.
Quels sont vos titres préférés de l’album ?
S. : On a souvent les mêmes et cela n’a pas trop changé. Il y a Avant toi et Le Temps.
V. : Ce sont des chansons intemporelles. Je crois que dans dix ans, on sera toujours touché en les réécoutant. J’aime aussi beaucoup Versus, car cette chanson m’a beaucoup émue. On se fait de vraies confidences, comme un frère à une sœur, et ce sont des choses très intimes.
Était-ce difficile de choisir les singles, parmi tous ces titres forts ?
V. : Franchement, oui. Ce n’était pas évident, car nous étions un peu en discorde avec le reste de notre équipe (elle rit)… Il y a eu des chansons auxquelles on pensait pour les singles, telles que Comme un film, mais ça ne s’est pas fait. Ce sont un peu des « problèmes de riches », mais il y avait tellement de chansons qui nous tenaient à cœur que l’on hésitait.
S. : Il y avait des chansons pour lesquelles on était sûr : c’est le cas de Ça va, ça vient et d’Avant toi. C’est d’ailleurs après ce single qu’il a été difficile de faire l’unanimité. La vie du titre XY nous surprend, car on n’aurait jamais pensé que cette chanson aurait pu être autant diffusée, alors que l’album est sorti depuis plus de deux ans. En concert, on commence à peine à la chanter que l’on entend les gens. Elle porte un sens et raconte quelque chose de fort.
Alors que les ventes de disques chutent, vous avez réussi avec un album de chansons originales, en français, à en vendre 900 000 exemplaires. Quel est votre secret ?
V. : En fait, nous n’avons pas essayé de faire des tubes, nous avons voulu faire des chansons qui touchent les gens. C’était notre objectif. Dans le choix des thèmes, des mots, dans la façon d’écrire, et tous les deux comme un dialogue, nous souhaitions toucher le public. Nous sommes des artistes de cœur et sans langue de bois. Nous sommes fiers d’avoir vendu presque un million d’albums, mais ce qui nous fait pleurer, c’est que les gens connaissent nos chansons.
S. : Nous avions envie de faire un album populaire dans le sens large du terme et nous n’avons pas honte de le dire. Cela n’a rien de péjoratif, d’ailleurs. Nous sommes des artistes populaires et on a envie de faire des chansons pour les gens, qu’ils s’y retrouvent, parfois pour aller mieux, parfois pour se poser des questions, passer de bons moments en famille. On voulait faire un album qui puisse devenir la BO de la vie des gens.
Vous avez cependant réconcilié le côté populaire et un côté plus académique en ayant des récompenses aux NRJ Music Awards et aux Victoires de la musique. Une fierté particulière ?
V. : Oui, car c’est certainement la chose la plus compliquée dans ce métier, d’être à la fois populaire et tendance, aimé des médias. Avoir une Victoire en tant qu’auteurs, c’était quelque chose de très fort et qui nous a en effet rendus fiers.
S. : Quand on a commencé ce projet, notre seule peur a été qu’il soit perçu comme un gadget. C’est d’ailleurs pour ça que nous avons ouvert la billetterie dès la sortie de l’album pour montrer que nous sommes des artistes de scène. Nous avons voulu essayer cette folle idée, avec la sincérité de nos cœurs, de notre rencontre et ce que l’on avait à raconter. C’est ce paradoxe qui a fait le côté ovni de ce projet.
Vos univers respectifs sont assez différents. C’était un pari pour vous de vous lancer sur cet album commun ?
V. : C’était un vrai pari, en effet, et à la base, on ne voulait pas. C’était l’idée de quelqu’un qui nous est très proche. On avait fait Je te le donne, qui avait été un carton, et on avait adoré travailler ensemble. On a quand même réfléchi à cette idée d’album en duo, on s’est beaucoup écrit et on n’était franchement pas chaud. C’est en entrant en studio et en faisant des chansons, que l’on s’est rendu compte que, malgré nos univers différents, il y avait une mélancolie et une musicalité communes. Cela nous a permis de développer une alchimie et de créer des chansons très facilement. Il y a une réelle magie et on aurait été stupide de ne pas faire ce disque. Et sincèrement, je ne l’aurais fait avec personne d’autre.
En écoutant l’album, on comprend d’ailleurs que c’est la rencontre de deux artistes, de deux sensibilités aussi, et que ce n’est pas un projet marketing…
S. : C’est le choix de Versus et c’est ce qui a certainement tout changé. Ce titre a contribué à la belle histoire : en envoyant aux radios celui-ci plutôt qu’un autre pour lancer l’album, on a tout de suite raconté notre histoire. C’est une chanson forte, qui n’est pas calibrée pour les ondes, et on avait vraiment envie que les gens comprennent pourquoi nous faisions ce disque.
Vous avez fait des collaborations avec Camélia Jordana, Gims, Amel Bent… C’était un choix de n’exploiter aucun de ces titres ?
V. : Il n’y avait plus de place, en fait (elle rit).
S. : En soi, nous sommes déjà une collaboration. C’est fou, car ce que l’on voulait il y a trois ans est arrivé. Les gens nous perçoivent comme une entité. On a tout fait pour ça, même sur nos réseaux sociaux. Si on mettait en avant des chansons avec d’autres artistes, quoique très belles aussi, cela pouvait noyer le propos de deux artistes qui se rencontrent et racontent des histoires.
Comment avez-vous vécu la première partie de la tournée, après les reports liés à la pandémie ?
V. : La scène était la plus grande attente de ce projet. C’était compliqué, on a fait face au covid, un report, un deuxième report et on attendait. On s’est même demandé si on allait pouvoir maintenir cette tournée. Ce qui a été difficile est que l’on a dû caler un an et demi de tournée en quatre mois. L’alchimie que l’on a sur scène et que l’on a hâte de retrouver à la reprise de la tournée (NDLR : en juin), ce n’est que du bonheur.
Quels sont vos autres projets, ensemble ou séparément ?
V. : On va reprendre nos carrières en solo. On a déjà bien commencé à aller en studio chacun de son côté, et en même temps pas vraiment, car on fait des séances ensemble ou l’un pour l’autre. On va tous les deux envoyer un album fin 2022.
Recueilli par Nikolas Lenoir