Les ambiances envoûtantes des années 1980 résonneront ce mercredi soir entre les murs du Kinneksbond. C’est la découverte de The X, nouvelle aventure psychédélique portée par Yacko et Sarah Kertz, du duo acoustique Silk & Sonic.
On connaissait Silk & Sonic, le duo formé par Yacko et Sarah Kertz, qui écume depuis quelques années les bars, salles de concerts et festivals du Grand-Duché en revisitant à la sauce acoustique l’histoire de la pop et du rock. Alors qu’il y a une dizaine de jours à peine, Silk & Sonic jouait à Strassen, c’est au Kinneksbond de Mamer que le guitariste et la chanteuse présenteront ce soir leur nouveau projet, «tout nouveau» et 100% original, The X.
Le duo veut faire découvrir un tout autre univers que celui qu’on lui connaît. Il y a quelques mois, «on avait fait un showcase sur Radio Latina, avec trois titres en live», déclare Yacko, qui, avec ce nouveau groupe, a libéré sa longue chevelure du chapeau qu’il arbore avec Silk & Sonic ou ses précédentes formations rock (dont Dead Sinners, ex-Porn Queen). Ainsi, The X emmènera le public dans un voyage psychédélique et abstrait inspiré aussi bien par la synthwave des années 1980 que par le pop-rock. Pour Le Quotidien, le guitariste revient sur la création d’un projet qui a mis plusieurs années à se concrétiser, jusqu’aux confinements de l’année dernière.
The X va se présenter pour la première fois ce soir devant un public. Ce nouveau projet est-il une façon de montrer que l’univers acoustique de Silk & Sonic a ouvert d’autres portes ?
Yacko : On a fait beaucoup de recherches pour définir l’univers du groupe et créer un son qui s’accorde vraiment avec ce que l’on veut transmettre au public. The X utilise des synthétiseurs, des guitares acoustique et électrique, des paysages sonores électroniques et psychédéliques… Le public peut classer cela dans l’electro-pop; nous, on appelle ça du « trip pop », de la pop surréaliste, si on veut.
Était-ce une évidence pour vous et Sarah Kertz de porter ce nouveau projet ensemble ?
The X existait depuis longtemps dans ma tête. Il y a trois ans environ, j’ai composé les premiers morceaux, sans que je sache encore avec qui réaliser ce projet, parce que je ne trouvais pas de voix qui collait à l’univers. Sarah et moi sommes tous les deux musiciens à plein temps avec pas mal de choses en commun, musicalement. Au début, Silk & Sonic, c’était juste pour l’argent (il rit), mais en discutant de The X, on s’est dit : pourquoi ne pas commencer ensemble et voir ce que ça donne? Ça a tout de suite collé, c’était tellement naturel que l’on n’a pas vu le temps passer.
Depuis le début des années 2010, beaucoup de groupes s’inspirent des ambiances musicales des années 1980, souvent avec le cinéma et la musique de film comme influence majeure. Vous aussi ?
Nous pensons qu’il est très important, aujourd’hui, d’amener l’auditeur pas seulement vers la musique mais vers un univers. Cela peut passer par une histoire que l’on raconte, une atmosphère que l’on donne… Les artistes actuels utilisent des images ou des couleurs pour raconter leurs histoires. C’est un atout. Nous sommes aussi cinéphiles, et on s’est rendu compte que ce rapport offre quelque chose de plus, que ce n’est pas juste un concert, mais bien une expérience musicale.
Vous parlez même de « performance musicale »…
C’est vraiment ça. On a essayé de concevoir notre concert comme une performance, avec des interludes entre les chansons, afin d’amener le public vers une certaine atmosphère… Nos titres sont en anglais, et très basés sur les paroles. L’atmosphère est donc indispensable, ne serait-ce que pour ceux, dans le public, qui ne comprennent pas l’anglais, et qui seront plus réceptifs aux dimensions musicale et phonétique. L’autre chose, c’est que l’on a aussi très envie de provoquer de l’émotion : les morceaux que nous avons écrits et composés sont très personnels, et nous voulons transmettre cela aussi à travers nos interventions, nos atmosphères…
L’ambiance (de la pandémie) a joué un rôle dans la création de The X : l’enfermement, ne pas savoir ce qui allait se passer dans le futur…
Bien que les prémices de The X remontent à trois ans, c’est symboliquement après la pandémie que vous faites vos débuts sur scène. Cette période a joué un rôle dans vos envies de vous renouveler, musicalement ?
Comme la plupart des artistes et des musiciens, pendant des mois, on n’a rien pu faire. C’est à ce moment que l’idée s’est concrétisée à fond. Bizarrement – ou pas, d’ailleurs –, plein de duos se sont formés pendant la pandémie. Il est clair qu’au niveau des règles sanitaires, il n’était pas possible pour une formation complète de quatre musiciens, de se retrouver pour répéter. Mais l’ambiance de la période a aussi joué un rôle dans la création de The X : l’enfermement, ne pas savoir ce qui allait se passer dans le futur…
Avec votre attachement aux ambiances et votre rapport à l’image, le « live stream », très présent pendant la pandémie, offrait de nombreuses possibilités. Pourquoi ne pas vous y être aventurés ?
Sarah et moi venons tous les deux du live, autrement dit, de l’énergie entre le groupe et le public. À titre personnel, mes racines musicales sont dans le rock, le metal et le punk, donc jouer et ne pas avoir de retour du public, cela nous paraissait un peu bizarre. Cela dit, nous sommes très admiratifs des artistes qui ont osé le faire, parce que ce n’était pas évident. Beaucoup d’entre eux nous ont inspirés, d’ailleurs, mais je ne me voyais pas faire cela, même avec mes autres groupes. On a préféré attendre d’être face à un public, et finalement, on va avoir ce que l’on cherchait : un vrai échange. C’est quelque chose qui va de pair avec la dimension très personnelle de notre musique.
Le nom du groupe fait évidemment penser à X, groupe culte du punk californien des années 1980, mais il porte aussi quelque chose de mystérieux. Pour vous, quelle est la signification de The X ?
À l’époque où l’idée m’est apparue, je traînais dans le milieu punk. The X, à ce moment-là, c’était « the experiment », soit un endroit où l’on ferait des expérimentations musicales. Mais la signification a changé au fil des mois et des années. Aujourd’hui The X, ça peut vouloir dire tout et rien (il rit). Cela peut être la croix que l’on fait sur une carte pour marquer un emplacement, mais ça peut être aussi le x mathématique, l’inconnue. C’est tout ce que l’on peut ressentir en venant nous noir, c’est au public de choisir la signification du nom. L’inconnue, c’est quelque chose qui résume bien le groupe. Et puis c’est notre premier concert, donc on dévoile le mystère. On est un peu nerveux, mais c’est surtout parce que l’on a envie de savoir ce qu’en pensera le public.
Entretien avec Valentin Maniglia
Ce mercredi à 19h30. Kinneksbond – Mamer.