Taylor Swift qui cartonne au cinéma, Beyoncé qui fait gonfler les prix des hôtels et d’anciennes gloires que l’ont fait fructifier… Avec les grands noms de la musique, l’économie s’agite. Analyse.
Avec la reprise des tournées mondiales qui remplissent les stades ou les revenus toujours générés par des légendes, les stars de la musique affolent les compteurs économiques. Revue de détail.
Taylor Swift en tête du box-office!
Le film sur la tournée triomphale de Taylor Swift, projeté depuis vendredi dernier dans 100 pays, avait déjà dépassé les espérances en termes de préventes. Et pour son premier week-end d’exploitation, il a engrangé 96 millions de dollars de recettes. «Ce sont des débuts extraordinaires», a estimé l’analyste David A. Gross de Franchise Entertainment Research. Jusqu’ici, note-t-il, la palme revenait à Justin Bieber avec Never Say Never, qui a recueilli 73 millions de dollars au total en 2011, et le film This Is It sorti quelques mois après la mort de Michael Jackson en 2009, avec 72,1 millions de dollars.
Taylor Swift a explosé ces records en seulement trois jours, ce qui en fait le meilleur résultat au box-office nord-américain depuis la sortie cet été de Barbie et d’Oppenheimer. Une performance à la hauteur de la tournée mondiale, «The Eras Tour», qui pourrait dépasser pour la première fois de l’histoire le milliard de dollars de recettes lorsqu’elle s’achèvera fin 2024. Le magazine professionnel Pollstar a même avancé le chiffre de 1,9 milliard de dollars.
Début septembre, le président de la Fed de New York, John Williams, a estimé que l’«effet» Taylor Swift a stimulé l’économie américaine au cours des derniers mois, «parce que les gens ont dépensé pour le concert, l’hôtel… Tout cela a été un important phénomène». Le Livre Beige de la Fed évoquait déjà, début juillet, les revenus hôteliers de Philadelphie (en Pennsylvanie) boostés en mai par les fans de la chanteuse. Selon l’économiste Maria Psyllou, de l’université britannique de Birmingham, les six concerts de Los Angeles en août ont entraîné pour le comté une augmentation de 320 millions de dollars du PIB.
Beyoncé et la hausse des prix
Les deux premières dates de la tournée mondiale de Beyoncé, à Stockholm, ont même été citées par un économiste comme ayant contribué à une inflation plus élevée que prévu en mai pour la Suède. Au-delà du coût élevé des places de concert, Michael Grahn, de la Danske Bank, a estimé que l’afflux de fans pouvait expliquer la hausse des prix des hôtels et restaurants. Selon le site spécialisé Billboard Boxscore, le «Renaissance World Tour» de l’artiste américaine, qui s’est achevé le 1er octobre, devrait au total avoisiner les 560 millions de dollars de recettes, ce qui en fait la tournée féminine la plus lucrative de l’histoire. Elle avait déjà rapporté fin août 461 millions de dollars, surpassant Madonna et son «Sticky and Sweet Tour» de 2008-2009. Le record est pour l’instant détenu par Elton John, dont la très longue tournée d’adieu, «Farewell Yellow Brick Road» (2018-2023), a rapporté plus de 910 millions de dollars.
BTS, les «boys» qui boostent la Corée du Sud
En dix ans d’existence, le boys-band de K-pop BTS, actuellement en pause et dont plusieurs membres effectuent leur service militaire obligatoire, a rapporté des milliards de dollars à l’économie sud-coréenne. En décembre 2018, l’Institut de recherches Hyundai estimait que le premier groupe entièrement sud-coréen à avoir atteint le sommet des hit-parades américains et britanniques rapportait à son pays plus de 3,6 milliards de dollars de retombées économiques annuelles. En 2022, l’Institut coréen de la Culture et du Tourisme a même estimé que l’impact économique pour le pays de chaque concert de BTS était de 1 220 milliards de wons (plus de 900 millions de dollars).
La manne des Beatles pour Liverpool
Plus de cinquante ans après la séparation des Beatles, Liverpool, ville natale de Paul McCartney, John Lennon, George Harrison et Ringo Starr, continue d’attirer les nostalgiques du quatuor. Salle de concert Cavern Club, rue Penny Lane ou ancien orphelinat Strawberry Field, musées, restaurants, boutiques de souvenirs… Le tourisme lié aux Beatles est estimé à 120 millions de livres par an (près de 150 millions de dollars), selon le conseil municipal. D’autres lieux dans le monde capitalisent sur leurs artistes : la ville américaine de Memphis (Tennessee), avec l’ancienne propriété d’Elvis Presley, Graceland, reste un important lieu de pèlerinage pour les inconditionnels de la légende du rock, et la Jamaïque entretient le souvenir du géant du reggae Bob Marley. Le groupe Abba a pour sa part contribué à faire de la Suède le troisième exportateur mondial de musique, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni.
Les chiffres
À son terme, l’année prochaine, «The Eras Tour» de Taylor Swift pourrait générer 1,9 milliard de dollars de recettes. Ce qui serait un record.
Le film de sa tournée, pour son premier week-end d’exploitation, a engrangé 96 millions de dollars de recettes. Selon le site Billboard, 57 % du prix des billets vendus par AMC irait dans les poches de la chanteuse.
Soutien de Joe Biden, Taylor Swift a encouragé sur Instagram ses fans à s’investir en vue du scrutin de 2024. Immédiatement, le site Vote.org a enregistré plus de 35 000 nouvelles inscriptions…
En mai, Beyoncé a lancé sa nouvelle tournée mondiale des stades à Stockholm. Résultat : 90 000 personnes en deux nuits dans la capitale suédoise (pour une ville qui compte 975 000 habitants), et une inflation qui gonfle de 0,3 point dans le secteur de la restauration et de l’hôtellerie.
À Liverpool, il y a le football et les Beatles! Et l’héritage de ces derniers, plus de cinquante ans après leur séparation, est estimé à 120 millions de livres par an pour l’économie locale.
Seulement trois pays au monde sont des exportateurs net de musique : les États-Unis, le Royaume-Uni et… la Suède! Les 400 millions d’albums vendus par Abba dans le monde y contribuent sûrement.