Le compositeur américain a dénoncé un «piratage» après avoir découvert que sa musique et son nom ont été utilisés pour un ballet qui doit avoir lieu à Sébastopol.
Maître de la musique minimaliste et répétitive, le compositeur Philip Glass reste l’un des compositeurs classiques et d’opéras le plus joué dans le monde. Mais l’apparition de son nom sur l’affiche d’un ballet qui devait être joué pour deux représentations, lundi et hier, à Sébastopol, en Crimée ukrainienne annexée par la Russie, n’a pas vraiment été du goût de l’Américain de 87 ans.
«J’ai appris qu’un ballet intitulé Les Hauts de Hurlevent, comprenant ma musique et utilisant mon nom pour sa publicité et sa promotion, doit avoir sa première (…) la semaine prochaine», avait-t-il indiqué dans communiqué diffusé jeudi dernier sur X. «Utiliser ma musique et mon nom sans mon autorisation est une violation de la Convention de Berne pour la protection des œuvres littéraires et artistiques dont la Russie est signataire, c’est un acte de piratage», a fustigé le compositeur. «J’ai bien conscience que les circonstances actuelles en Crimée occupée me rendent impuissant à faire valoir mon droit en vertu de la législation internationale», poursuit-il. «Mais je ferai connaître ma véhémente objection si vous continuez. Merci de prendre vos dispositions en conséquence», conclut Philip Glass.
Le ballet en question, créé par le chorégraphe et danseur britannique Jonah Cook, est une adaptation du célèbre roman d’Emily Brontë. La star du ballet russe Sergueï Polounine, fervent soutien du président Vladimir Poutine et de l’invasion de l’Ukraine, en incarnait le rôle principal aux côtés de la danseuse Ksenia Ryjkova. Le danseur de 34 ans, également directeur de l’Opéra de Sébastopol depuis 2019, a soutenu financièrement les forces armées russes; il est aussi connu pour avoir trois portraits du président russe tatoués sur le torse et les épaules.
Selon son affiche promotionnelle, le spectacle comprendra également de la musique composée par l’artiste islandaise Hildur Guðnadóttir. L’Opéra et le Ballet de Sébastopol ont répondu à Philip Glass qu’ils travaillaient «sous législation russe», grâce à un contrat signé entre les institutions et la Société russe des auteurs (RAO). Cette dernière est censée reverser aux auteurs leurs royalties, dont Philip Glass, référencé par la RAO, comme plus de deux millions d’artistes étrangers.