Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Porn Queen, c’est fini! Place désormais à Dead Sinners, qui sort son premier EP ce vendredi avec un concert à la Rockhal. Sans son guitariste fondateur, Fred Barreto, le quatuor reste toutefois fidèle à sa philosophie : du rock, du cuir et de jolies filles!
Si Porn Queen célébrait il y a trois ans son premier album, fort de quelque30 000 fans sur Facebook, des concerts prestigieux (avec Slash, Deep Purple ou encore Richie Kotzen) et une approche «heavy» aux accents très «eighties»,aujourd’hui, il n’en reste plus grand-chose, en dehors de trois membres et d’une envie de commencer une autre histoire : ce sera celle des Dead Sinners, qui débute ce vendredi…
Quand Porn Queen est arrivé sur la scène luxembourgeoise, aux alentours de 2010, le groupe dénotait avec l’ambiance locale, entre culte pour la bière, le cuir et les petites pépées, sans oublier cette nostalgie du «heavy» sans limites, symbolisée par les Guns N’ Roses et son guitariste frisé, Slash, idole du quatuor jusqu’à la ressemblance physique avec son cofondateur, Fred Barreto. Mais ce dernier, il y a deux ans, a préféré partir vers d’autres horizons.
Reste un trio – Lucas Ferraz (guitare-chant), Dan Fastro (basse) et Yves «Deville» Ditsch (batterie) – qui a dû prendre son mal en patience avant de renaître, cette année, sous les traits des Dead Sinners, grâce au service d’un nouveau guitariste, Yacko. Si la philosophie reste la même – « de la bière et du rock! » – l’approche musicale, elle, fait une légère bifurcation vers le stoner blues. Un premier EP, Fire – avec l’éphémère Regis Rolando à la six cordes – témoigne de ce changement d’humeur. Entretien.
Le Quotidien : Tourner la page de Porn Queen, ça n’a pas été trop difficile?
Dan Fastro : Pas vraiment, car on a eu le temps d’y réfléchir. Le départ de Fred (NDLR : Barreto, ex-guitariste et cofondateur de Porn Queen) remonte quand même à l’été 2015. Ça ne date pas d’hier! Du coup, avec un nouveau guitariste, un style musical différent, et surtout, Porn Queen mis en stand-by durant ces derniers mois, tout indiquait le fait de repartir de zéro. Oui, c’est un nouveau départ.
En dix ans d’activité, selon vous, qu’a apporté le groupe Porn Queen au Luxembourg?
(Il souffle) Pas évident… Déjà, on a fait de la publicité pour le Luxembourg à l’étranger. Au Brésil, par exemple, certaines personnes ne connaissaient pas du tout le Grand-Duché, mais Porn Queen, oui! Ensuite, au niveau national, on s’est distingués en multipliant les grandes scènes, sans passer par les petits cafés. En 2011/12, on n’a fait quasiment que ça, et ces envies grandiloquentes, au pays, c’est assez rare.
Enfin, je pense que l’on a apporté un esprit sulfureux avec ce groupe, un côté « rock’n’roll baby! » qui a fait du bien. Rien que le nom en a étonné plus d’un. Au départ, certains pensaient que c’était le nom d’un film (il rit) . Quand ils ont fait des recherches sur internet, ils n’ont pas dû être déçus…
Quels sont vos plus beaux souvenirs avec Porn Queen?
Sûrement notre collaboration avec Slash (Guns N’ Roses, Velvet Revolver), avec lequel on a joué cinq fois et qui était la coqueluche du groupe. C’est au Brésil que c’était le plus fou! On a joué devant 7 000, 8 000 personnes qui, après seulement une demi-heure de concert, étaient à fond! C’était très chaud… Et quand le chanteur a commencé à parler en brésilien avec le public, je ne vous raconte même pas… On était devenus les enfants du pays!
Sexe, bière et rock… Dead Sinners va-t-il suivre ces préceptes défendus par Porn Queen?
Avec le nouveau guitariste, Yacko, oui, car le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est très rock’n’roll… Mais si on change de nom, notre philosophie, elle, reste la même : « Dirty talking, naughty minds, sexy moods »!
Qu’est-ce qui va changer, alors?
D’abord, et surtout, notre sonorité, qui va désormais plus s’appuyer sur le blues et le stoner. On lâche un peu Guns N’ Roses, Aerosmith et Led Zeppelin et on avance un peu dans l’histoire de la musique, vers la fin des années 90. Il y aura toujours des solos, à la mode « heavy », mais l’approche est sensiblement plus ternaire, avec du shuffle * sur tous les morceaux.
Fire , premier EP de Dead Sinners, sort demain. Pouvez-vous nous en parler?
Il stagne depuis août 2015, mois durant lequel on l’a enregistré aux GAM Studios, en Belgique. On n’a jamais joué une seule chanson sur scène, avec Porn Queen. On est, comme qui dirait, tenus au secret! Du coup, après notre décision de partir sur quelque chose de neuf, à la suite de notre dernière tournée en Angleterre, fin 2016, Epic Tour (NDLR : agence de booking indépendante de Belfast), qui s’occupe de nous, a dû tout reprendre : notre nom, nos photos…
En outre, vous vous êtes associés, pour le mixage de cet EP, avec Mike Butcher (Black Sabbath, Rod Stewart, The Kinks)…
On le voulait déjà pour le premier album de Porn Queen, mais à l’époque, il n’était pas disponible. C’est quand même quelqu’un qui a bossé sur les premiers albums de Black Sabbath! Ça en impose…
Quelles sont vos envies?
On a déjà en tête de mettre sur pied un second EP pour novembre prochain, suivi d’une tournée en France et en Angleterre. On espère le même succès qu’avec Porn Queen!
Mais sans Slash, ce coup-ci…
Oui, il va falloir lui trouver un remplaçant. C’était le plus grand atout de Porn Queen.
Qui pourrait être alors le représentant de Dead Sinners?
Je ne sais pas, mais des groupes comme Wolfmother et Queens of the Stone Age, ça ne serait pas mal! Ou encore Rival Sons. Notre guitariste, Lucas, a rencontré le leur, au Luxembourg, pour lui offrir deux pédales « fuzz », dont ils partagent la passion. C’est peut-être le début d’un partenariat (il rit) !
Grégory Cimatti
(*) Figure rythmique que l’on rencontre notamment en blues qui, à un rythme binaire, substitue un rythme ternaire.
Rockhal – Esch-Belval. Vendredi 12 mai à 20 h 30. Guests : Lost in Pain et Regis Rolando Le prix d’entrée (5 euros) inclut le nouvel album de Dead Sinners.
