Le clarinettiste Max Mausen est de retour au Luxembourg, après un long exil à Londres. Il raconte ce qu’il est venu chercher au Luxembourg Classical Meeting, et comment il entrevoit sa carrière de musicien. Entretien.
Acclamé et reconnu comme un interprète «sensible» et «imaginatif», Max Mausen, né au Luxembourg il y a plus de trente ans, s’est imposé comme l’un des plus talentueux clarinettistes du Royaume-Uni, jouant dans les plus grandes salles, et avec les plus grands orchestres. Mais la pandémie et le Brexit l’ont ramené, en 2020, sur ses terres d’origine. Entre son showcase de jeudi et celui de vendredi avec Lucilin, il raconte ses envies moins grandiloquentes, la flexibilité de son instrument et comment il appréhende son avenir.
Que venez-vous faire, et chercher, au Luxembourg Classical Meeting ?
Max Mausen : J’étais déjà présent à la précédente édition, en 2017 (NDLR : au sein du Trio Koch). Il y a eu des choses qui se sont presque concrétisées, comme un concert à Ankara (Turquie), finalement annulé. J’ai revu aussi des amis du Luxembourg, découvert des musiciens d’ici. Ça m’a fait du bien.
Et vous êtes revenu…
C’est Kultur:LX qui m’a demandé si j’avais envie de jouer. C’est qu’en 2020, j’ai quitté Londres pour revenir au Luxembourg. C’était alors une belle occasion d’y renouer des contacts, de me remettre dans le milieu musical.
Je ressens le besoin de jouer dans de petits ensembles. C’est peut-être le résultat de la situation sanitaire !
Avez-vous des attentes précises cette année ?
Entre mon départ d’Angleterre et la pandémie, tout a un peu basculé pour moi. Disons que j’ai pris de la perspective sur certaines choses. Par le passé, j’ai beaucoup joué dans des orchestres (notamment l’OPL et l’OCL), mais là, je me tourne plus vers la musique de chambre et contemporaine. Je me ressens le besoin de jouer dans de petits ensembles. C’est peut-être le résultat de la situation sanitaire (il rit). Du coup, comme je n’ai pas d’expérience, ni de réseau dans cette réorientation, je cherche à en trouver. Mais je n’ai pas de plan concret, je suis ouvert à tout !
La clarinette, est-ce un instrument « vendeur » ?
Moins que le violon et le piano ! Mais c’est un instrument qui se prête à beaucoup de choses. Ses couleurs sont illimitées! C’est d’ailleurs pourquoi on la retrouve beaucoup dans la musique contemporaine. Après, vivre seulement de récitals, je sais que c’est très compliqué. Mais si j’arrive, à mon niveau, à montrer toute la beauté et la valeur de la clarinette, j’en serai déjà satisfait.
Vous touchez à de nombreux styles (BO de films, jazz, folk, musique contemporaine…). Est-ce important de ne pas rester « figé« dans une pratique ?
Pour moi, un musicien ne doit fermer aucune porte. J’aime bien expérimenter, me perdre, partir sur de nouvelles pistes. Bref, évoluer avec mon instrument.
Quitte à se retrouver prochainement au Jazz Meeting ?
(Il rigole) On ne sait jamais !
Vous avez joué à la Philharmonie pour le concert de la fête nationale, diffusé en direct à la télévision. Cela joue-t-il dans la notoriété d’un musicien ?
Pas au point d’être interpellé dans la rue ! Disons qu’il y a certaines personnes qui savent aujourd’hui ce que je fais comme métier, avec plus de netteté.
Quelle est la différence la plus marquante, selon vous, entre la vie d’artiste en Angleterre et celle au Luxembourg ?
Pour moi, le statut. À Londres, 90 % des musiciens ou artistes sont free-lance. Même quand vous jouez dans un orchestre aussi prestigieux que le London Symphony, vous êtes payés au service. Imaginez durant la pandémie… Ici, on peut s’assurer un salaire, comme en donnant des cours par exemple. Et parallèlement à ça, le statut d’artiste s’y développe.
Est-ce alors facile de vivre de sa musique au Luxembourg ?
Ça n’est jamais facile, mais disons qu’en étant entreprenant, et en portant avec volonté ses projets, on peut déjà se débrouiller. Le cachet pour un concert y est très acceptable en tout cas.
Quelle serait, pour vous, la carrière idéale ?
Avant, j’aurais sûrement répondu d’avoir une place dans un orchestre de renom… Aujourd’hui, le plus important pour moi, c’est de jouer la musique que j’aime, avec des gens que j’apprécie. Et de le faire le plus longtemps possible !
Entretien avec Grégory Cimatti