Eric Rosenfeld revient sur le devant de la scène, sans ses potes de Versus You, mais avec un nouvel album, Unfixed, sorti sous son projet alternatif, Communicaution.
Eric Rosenfeld s’inspire de Kerouac, Steinbeck, Tom Petty, Lou Reed et Woody Allen, et ne s’en cache pas. (Photo : DR)
Il est touchant Eric Rosenfeld. Sans chichi. À la fois modeste et conscient de ses talents, brut et sensible, honnête dans son style et dans ses propos tout comme dans ses chansons. Et tant pis si ça déplaît à certains. Il n’a l’intention ni de changer ni de se cacher.
La preuve, une fois encore, avec la sortie, demain, du nouvel album de son projet Communicaution, Unfixed. Un événement qui suit de quelques mois seulement la sortie de Moving On, dernier album en date de Versus You. Un album « pop, mais avec attitude et honnêteté, lance le chanteur, un album très singer-songwriter », ajoute-t-il.
La musique, c’est sa vie : même quand il délaisse la composition et ses groupes, il travaille en tant que professeur de guitare. « Je n’arrête jamais !, reconnaît-il. Je joue et j’écris tous les jours. J’en ai besoin, vraiment. Je vais voir un psy tous les mois, mais jouer de la musique et écrire des chansons, ça fait clairement partie de ma thérapie ». C’est ainsi que ce stakhanoviste, en plus de ses cours, de ses quelque 80 concerts par an et de ses tournées avec Versus You, ses scènes avec Communicaution et ses quelques autres participations artistiques, assure avoir, là, déjà, aujourd’hui même, des morceaux pour remplir six autres albums. De quoi voir venir.
> Une ambiance et un son très sixties
Après, finiront-ils estampillés Versus You ou Communicaution, impossible à dire pour l’heure. Pour le compositeur, ça ne change pas grand-chose. « Les chansons sont les mêmes, ou du moins sont écrites de la même manière, sur ma guitare acoustique. Selon les chansons, selon comme je les imagine évoluer, elles peuvent être retravaillées avec les autres membres de Versus You ou rester telles quelles et être destinées à Communicaution. C’est moi qui décide, de manière naturelle ». La différence entre les deux, alors ? « Communicaution c’est une musique que tu écoutes sérieusement et qui te fait réfléchir, tandis qu’avec Versus You, c’est une musique que tu écoutes et sur laquelle tu peux aussi danser ».
En effet, bien qu’il soit pop et facile d’accès, on ne peut pas vraiment qualifier cet Unfixed de très dansant. Ou alors sur quelques morceaux seulement comme Smoke of the First Fires, Make no Sound ou Fly High, mais de manière paisible, pourquoi pas, autour d’un feu après avoir absorbé quelques substances dont raffolaient jadis les hippies. Une impression renforcée par le choix d’Eric Rosenfeld d’enregistrer l’album comme dans les années 60 : le son de la batterie à droite, le reste de la musique à gauche.
Des sons et des chansons qui nous emmènent d’ailleurs bien loin du Luxembourg et de ce début de XXIe siècle. Quelque part sur les routes américaines des années 60-70. Comme l’auteur l’écrit clairement sur la pochette de l’album, les Big Star, Alex Chilton, Hüsker Dü, The Kinks, Tom Petty ou encore Lou Reed ne sont pas bien loin. Les écrivains Joseph Heller, Jack Kerouac et John Steinbeck non plus. Dernière influence remarquée, celle de Woody Allen, pour son humour décalé, sa relation freudienne au monde et son côté hypocondriaque.
« Je suis intéressé par l’être humain, par ce qu’il pense, pas d’un point de vue philosophique, sinon je m’y perdrais, mais simplement intéressé par les gens, les relations amicales, les mecs, les filles… », résume simplement le chanteur. Et il complète : « De toute façon, je ne peux pas faire de la musique qui n’ait pas un sens ». Autant dire que les « I love you baby/ Baby I love you, youhou », ce n’est pas trop son truc. Et tant pis si c’est, trop souvent, ce que les radios préfèrent.
Chez lui, tout vient du cœur, des tripes et surtout, naturellement. Le côté ultra-cérébral, ce n’est pas pour lui. « Si je dois trop réfléchir sur le morceau d’une chanson, ça veut dire que la chanson ne va pas. Donc, je la jette », explique-t-il.
D’où une production pour le moins étonnante pour cet Unfixed. « L’album a été enregistré chez moi en home studio, souligne-t-il, et au moins la moitié de l’album a été écrite, jouée, chantée et enregistrée en une seule prise ! » Ses chansons l’habitent pleinement, alors quand elles sortent, elles viennent toutes seules.
Pour les fans et autres curieux de son œuvre, la release party de demain à la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette sera, pour l’heure du moins, la seule occasion de découvrir les nouveaux morceaux de Communicaution sur scène. Le concert s’annonce acoustique avec juste deux voix et deux guitares acoustiques. Du moins en ce qui concerne la tête d’affiche. Car, plus tôt, dans la soirée, les spectateurs pourront bouger, sauter, se défouler aux rythmes ska et punk des français de P.O.Box et des Grand-Ducaux de Los Dueños. Des « copains » dont le travail est très différent de celui d’Eric Rosenfeld. Mais l’auteur-compositeur-interprète assume. « Ce sont de bons groupes, ce sont des copains et ils m’ont demandé. Je n’en ai rien à faire si c’est un style différent du mien. Au contraire, tant mieux. Je ne vois pas l’intérêt de faire un concert avec quasiment le même groupe trois fois ! » On pourra donc bien se défouler avant de se calmer et d’écouter attentivement ce que Communicaution a à nous dire.
De notre journaliste Pablo Chimienti
Kulturfabrik – Esch-sur-Alzette.
Demain à partir de 20h30.
Support : P.O.Box et Los Dueños.