Accueil | Culture | [Musique] Kyle Eastwood, au nom du père et du cinéma

[Musique] Kyle Eastwood, au nom du père et du cinéma


(Photo : jérôme bonnet)

Acteur chez son père, puis jazzman et compositeur de bandes originales, tout son parcours l’a mené là : Kyle Eastwood se produit cet été autour des musiques de la filmographie de Clint Eastwood. Avec Gast Waltzing à la baguette!

C’est un projet qui me tenait à cœur, j’ai grandi en écoutant ces musiques. Ça a été un plaisir de les retravailler», glisse Kyle Eastwood, 55 ans, rencontré à Paris, où il partage son temps depuis quinze ans avec Santa Barbara en Californie. Eastwood «junior», un des enfants du célèbre réalisateur, foulera les scènes européennes jusqu’à l’automne 2024 avec deux spectacles. Un quintette jazz où il est contre-bassiste («Eastwood by Eastwood») et un orchestre symphonique englobant son quintette. Cette dernière configuration, «Eastwood Symphonic», sera couchée sur un disque prévu à la rentrée (le 1er septembre) et qui sera escorté par un reportage produit par ARTE (qui le diffusera pour sa part à l’automne).

J’ai grandi en écoutant ces musiques!

On y retrouvera d’ailleurs une captation d’un concert à Lyon, ainsi qu’une interview croisée du père, 93 ans aujourd’hui, et du fils. L’album Eastwood Symphonic propose ainsi douze titres réarrangés par Kyle autour de compositeurs de légende de bandes originales de films tels Ennio Morricone (The Good, the Bad and the Ugly), Lalo Schifrin (Dirty Harry) ou John Williams (The Eiger Sanction). L’occasion de redécouvrir que Clint Eastwood, pianiste, a également composé pour ses propres films (comme Changeling) ou a écrit de la musique avec son fils Kyle (pour Gran Torino). «J’en ai parlé un peu à mon père au début, mais pas trop! Je lui ai juste dit que j’avais un projet avec un orchestre… Il était heureux à l’idée», déroule Kyle Eastwood.

Une première aux Nancy Jazz Pulsations

Son précédent album, Cinematic (2019), rendait déjà hommage aux compositeurs de bandes originales qu’il aime, mais n’était pas centré uniquement autour des films de Clint Eastwood acteur ou réalisateur. «Je ne lui ai pas dit quels thèmes j’allais choisir, ajoute Kyle Eastwood. Depuis, il a regardé le concert de Lyon, il m’a dit qu’il aurait aimé être là. Peut-être que je pourrai le convaincre de venir le 11 octobre au Grand Rex à Paris pour la version symphonique.» Pourquoi pas? La France a toujours eu une affection particulière pour Clint Eastwood, président du festival de Cannes en 1994. «Je m’en suis rendu compte au moment de la sortie de Honkytonk Man (1982) dans lequel je jouais comme acteur, adolescent, qui n’a pas eu de succès aux États-Unis, mais en France, oui», se souvient-il.

Avant le concert du Grand Rex, parmi les concerts français à se souvenir, il y a eu notamment celui de La Baule, au festival de cinéma et musique de film (le 1er juillet dernier), écrin tout trouvé pour le quintette. Mais aussi le spectacle donné au Luxembourg, en mai dernier à la Philharmonie, avec sur scène quatre membres de l’OPL aux côtés du chef d’orchestre Gast Waltzing. Ce dernier, coconcepteur de cet «Eastwood Symphonic», accompagne d’ailleurs le musicien sur de nombreuses dates depuis la première, en octobre 2022, au festival Nancy Jazz Pulsations. Les deux prochaines auront lieu à Cannes (samedi) et à Avignon (dans une semaine).

A Fistful of Dollars, révolution musicale

Les spectateurs pourront entendre que la musique de John Williams ou de Lalo Schifrin se prête aisément à des réarrangements, alors que celle d’Ennio Morricone, iconoclaste, demande un supplément d’efforts mais reste reconnaissable entre mille. Dans Ennio, documentaire de Giuseppe Tornatore (Cinema Paradiso), le maestro raconte s’être inspiré d’un hululement de coyote pour le célèbre thème de The Good, the Bad and the Ugly. «Dès A Fistful of Dollars, c’est une sorte de révolution avec des effets sonores, des guitares distordues. Ça a changé la façon dont on fait la musique d’un film et comment on le regarde», décortique Kyle Eastwood.

«Mon père m’a dit que la première fois qu’il a vu ce film fini, la musique a été une sorte de choc pour lui», poursuit celui qui a débuté sa carrière discographique dans le jazz il y a vingt-cinq ans avec From There To Here. La musique de Morricone «était très novatrice, déjà moderne à l’époque, et elle l’est toujours», dit ainsi Clint Eastwood dans Ennio. «Par respect pour Sergio Leone», réalisateur possessif avec Morricone, «j’ai raté une grande opportunité et je le regrette fortement. Quand Clint m’a appelé, j’ai dit non!» pour la musique d’un de ses films, confia un jour le maestro à la BBC.