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[Musique] Greg Zlap, le blues de l’harmoniciste


Pour l’album, Greg Zlap a tenu à coller à l’énergie brute des concerts de Johnny, en enregistrant toutes les chansons dans les conditions du live.

Greg Zlap réinterprète Johnny Hallyday, qu’il a souvent accompagné sur scène, dans un album hommage qui met au premier plan son instrument de prédilection, l’harmonica.

Connu pour ses solos d’harmonica lors des concerts de Johnny Hallyday, Greg Zlap rend hommage à sa «culture blues» dans l’album Toute la musique que j’aime, interprétations débridées des chansons du rockeur disparu en 2017.

«Le blues, c’est une musique qui est libre, parce qu’elle est improvisée, et c’est ce qui se passait sur scène avec Johnny pour moi», sourit Greg Zlap, les yeux pétillants quand remontent les souvenirs d’une décennie de concerts avec la star.

Le plus saillant d’entre eux est sans nul doute son solo enfiévré sur Gabrielle. Johnny s’en délectait, le public en redemandait : Zlap avait réussi à faire de son instrument d’une dizaine de centimètres une voix à part entière. «Je n’ai pas eu peur d’aborder le répertoire de Johnny avec un œil frais, puisque je l’avais toujours eu», glisse le musicien quinquagénaire, né en Pologne.

Au-delà du côté star du rock, «Johnny avait la culture blues», une «passion commune», narre-t-il. «Le blues, ça veut dire que je t’aime / Et que j’ai mal à en crever», chantait Johnny Hallyday en 1973, dans son tube La Musique que j’aime.

Dans son album hommage sorti fin août, Greg Zlap place son harmonica au premier plan pour des reprises adaptées librement de morceaux célèbres comme Quelque chose de Tennessee, Requiem pour un fou ou Je te promets.

«Se détacher» de Johnny

L’originalité du disque réside surtout dans des duos avec sept artistes, dont le guitariste Fred Chapellier sur Gabrielle, le musicien et chanteur de blues Ian Siegal sur une reprise en anglais d’Allumer le feu, mais aussi Thomas Dutronc, Norbert Krief, guitariste du groupe rock Trust, ou le rappeur MC Solaar.

«J’étais dans une salle, j’ai vu Greg. Je suis monté sur la scène et on s’est mis à faire du freestyle, du blues, de l’improvisation, balancer des mots», raconte ce dernier à propos de sa rencontre avec l’harmoniciste.

Le freestyle est «un terme qui, à l’origine, vient du blues, du jazz, et puis est arrivé dans le rap», rappelle l’interprète de Caroline, qui a fait partie des pionniers du rap français dans les années 1990, soulignant combien cette musique permet de rencontrer «l’inconnu».

Cet état d’esprit a permis de ne pas coller à l’œuvre du «Taulier». L’album collectif On a tous quelque chose de Johnny, avec entre autres Amel Bent, Benjamin Biolay et Kendji Girac, s’était déjà attaqué à ce monument de la chanson française en novembre 2017, quelques semaines avant le décès de la star, qui avait ému le pays entier.

«Je voulais absolument qu’on puisse se détacher, qu’on puisse construire sur les chansons de Johnny et non pas l’imiter», souligne Greg Zlap.

«Zéro droit à l’erreur»

«Tu m’as donné quelques éléments que j’ai mis dans ma machine à laver, dans mon cerveau, l’élément de liberté, de ce qui se passe dans le monde d’aujourd’hui. C’était des impressions», reconnaît MC Solaar.

Le résultat donne Le Ranchero, qui reprend Le Pénitencier (elle-même une reprise en français de House of the Rising Sun) mais avec des paroles à l’opposé de l’univers carcéral de la célèbre chanson. «Johnny, c’est que de l’amour. On a tous une chanson à lui. Ses interprétations ont toujours été extrêmement positives», loue le rappeur.

Sur scène, «Johnny était toujours imprévisible. Il faisait les choses en fonction du public, ce n’était pas un show millimétré», explique encore Greg Zlap. Pour recréer cette énergie du live, l’album a été enregistré dans des conditions similaires : «Basse, batterie, guitare dans la même pièce et zéro droit à l’erreur, c’est-à-dire que si jamais il y avait un plantage quelque part, on recommençait», illustre l’harmoniciste.

Ses concerts, au Casino de Paris le 8 décembre puis en tournée en 2026, promettent eux aussi de laisser place à l’improvisation, ponctuée d’invités surprises.

Toute la musique que j’aime, de Greg Zlap.