En 2025, impossible ou presque d’avoir échappé à l’un des tubes de Gims (Ciel, Ninao, Parisienne), en tête des classements streaming grâce à une stratégie redoutable. Pour clore cette année en beauté, le rappeur organise cinq concerts géants à Paris.
Il semble loin le temps où Maître Gims, alias de ses débuts, sortait de l’anonymat et de la précarité grâce au groupe de rap Sexion d’Assaut. Depuis J’me tire (2013), le rappeur congolais a révélé sa voix de stentor et s’est imposé comme un pilier de la chanson francophone. Entre vendredi et ce lundi, la star s’est emparée de La Défense Arena et ses 45 000 places, pour clore une grande tournée avant d’entamer la saison des festivals, qui le verront notamment en tête d’affiche des Francofolies d’Esch-sur-Alzette.
Après un léger creux en 2020-2022, l’artiste de 39 ans enchaîne les succès depuis 2024. Omniprésent cette année grâce à cette ribambelle de titres mêlant sonorités R’n’B, afropop ou caribéennes, il ne quitte plus le haut des classements des plateformes d’écoute en ligne, selon les tops annuels de Spotify et Deezer parus en décembre. Deuxième artiste le plus écouté en France derrière le rappeur marseillais Jul, il classe trois de ses chansons dans le top 5 des singles les plus streamés. Son album Le Nord se souvient : L’Odyssée s’impose comme l’opus le plus écouté en France en 2025.
Duos gagnants
«Ce qui est aussi assez inédit, c’est de rendre son album évolutif, c’est-à-dire que la « tracklist » évolue au fil du temps : celle de Gims a changé plusieurs fois au cours de l’année», décrypte Ulysse Hennessy, directeur général du média musical Billboard France. Avant lui, le rappeur américain Kanye West s’était servi de la dématérialisation de la musique pour façonner d’une manière similaire The Life of Pablo (2016), rappelle-t-il.
Gims pousse cette logique plus loin car son album de 18 titres est sorti dans les bacs fin novembre, plus d’un an après sa parution en numérique. Entretemps, il a passé au tamis chacune de ses nouveautés, pour ne conserver que les pépites. Le disque comporte des duos gagnants comme Parisienne avec La Mano 1.9 ou Air Force Blanche avec Jul. Gims est un adepte des collaborations avec d’autres stars, comme Sting ou le chanteur colombien de reggaeton Maluma.
À l’opposé des usages qui consistent à envoyer un ou deux singles en éclaireurs pour amorcer la promotion d’un nouveau disque, Gims a choisi de miser sur chaque single comme un produit à part, en distillant des extraits sur des réseaux sociaux comme TikTok. La plupart de ses titres récents se basent pourtant sur une rythmique similaire. «Mais ce qui est fort avec Gims, c’est qu’à chaque fois c’est la mélodie qui prime. Les couplets sont simples, les refrains sont ultra-forts», analyse Alexandre Pipieri, éditorialiste pop chez Deezer. «C’est un style qui n’est pas propre à lui : cette vague afro pop, aujourd’hui, est très populaire en France», nuance-t-il.
Viral en Géorgie
Désormais plus chanteur que rappeur, l’artiste s’invite dans les playlists rap, pop voire variété française de la plateforme tricolore. Il tire profit du nouveau mode de consommation de la musique, où les auditeurs picorent dans différents styles musicaux. Sacré meilleur artiste masculin aux Victoires de la musique 2025, Gims élargit aussi sa popularité avec des choix originaux : inspiré d’un chant traditionnel géorgien, Ninao est devenue virale dans ce pays. Accompagné de danses folkloriques, le clip totalise près de 190 millions de vues sur YouTube.
«Il plaît à tout le monde, de 7 jusqu’à 77 ans. J’interprète ses titres comme des comptines contemporaines : il y a des gimmicks faciles à retenir. Les enfants adorent danser et chanter dessus», souligne Alexandre Pipieri. «Désolé à tous les parents que je harcèle, que je saoule dans les voitures, sur le trajet de l’école», a récemment lancé Gims au média en ligne Konbini. À ses plus jeunes fans, la star avait d’ailleurs prévu un concert pour un public familial, samedi à 14 h.