Lou Reed et son Transformer, David Bowie et son Ziggy Stardust ou encore l’Exile on Main St. des Rolling Stones sur la Côte d’Azur : ces disques, classiques instantanés, célèbrent leur demi-siècle cette année.
Exile on Main St., bijou des Stones taillé sur la Côte d’Azur
«C’est peut-être le meilleur disque des Stones», lance Keith Richards dans son autobiographie Life. Les Stones, qui fuient le fisc britannique, le conçoivent sur la Côte d’Azur, dans la villa Nellcote, devenue célèbre. «Je fais partie des gens qui s’y sont introduits, pas avec la bande des dealers (il rit). Je suis de la région, j’étais gamin», raconte Yves Bigot, figure de la critique rock. «Le matin, tout le monde n’était pas réveillé, on pouvait se faufiler avec les livreurs, je restais dans un coin, le temps de vérifier que c’étaient bien des extraterrestres!» Exile on Main St., qui ne contient pas d’hymne de stade, même si Tumbling Dice rencontre le succès, est une déclaration d’amour à la musique américaine, du gospel au blues.
Honky Château, Elton John et les fantômes d’Hérouville
Toujours en France, le château de la petite commune d’Hérouville (à 50 kilomètres de Paris) abrite un studio d’enregistrement fréquenté dans les années 1970 par David Bowie, Iggy Pop ou encore Elton John, et géré par le compositeur fantasque Michel Magne. Ce dernier nomme l’album Honky Château en hommage à Hérouville, qu’on dit par ailleurs hanté. «Elton John est dans sa période impériale, avec des morceaux incroyables : Honky Cat, Rocket Man ou Mona Lisas & Mad Hatters», déroule Yves Bigot. «Dans les années 70, Elton John a la main», ajoute celui qui vient de sortir le roman Katrijn. Cet album pose «les fondations du soft-rock des années 70» pour la bible musicale britannique NME.
The Rise and Fall of Ziggy Stardust…, David Bowie et son double
«La sexualité a toujours été sous-jacente dans le rock. Mais soudain avec Ziggy, elle s’est trouvée articulée, en mouvement», dépeint David Bowie dans Rainbowman, ouvrage-référence de Jérôme Soligny. «Avec ce disque, Bowie invente le personnage de Ziggy qui fait de lui une rockstar, le prince du glam, développe Yves Bigot. Avec, aussi, cet aspect totalement futuriste, visionnaire, apocalyptique qu’il poursuivra avec Diamond Dogs (1974).» Les incontournables sont là : Five Years, Starman, Suffragette City ou Rock’n’roll Suicide. «Ça dit combien d’albums classiques sont nés à cette période, sans une note à changer», souligne le journaliste.
Transformer, Lou Reed et l’après-Velvet
«C’est l’album qui fait découvrir Lou Reed à tous ceux qui ne connaissaient pas le Velvet Underground, c’est-à-dire la grande majorité des gens», expose Yves Bigot. Avec les standards Walk on the Wild Side, Satellite of Love ou Perfect Day, qui aura une seconde jeunesse avec le film Trainspotting. Et qui trouve-t-on à la production de Transformer? David Bowie, dont Lou Reed a toujours voulu se dissocier. «À la différence de Bowie (pas) besoin de me créer un alter ego, j’étais déjà double, triple, quadruple», lâche-t-il dans Rainbowman.
Harvest, pépite de Neil Young après la ruée vers l’or
Certains fans de Neil Young préfèrent After the Gold Rush (1970), mais c’est avec Harvest que le «Loner» trouve le bon filon. Les titres Heart of Gold et Old Man passent à la postérité et l’album est au top des charts américains. «C’est son album le mieux produit, le plus léché», décortique Yves Bigot. Ce qui n’exclut pas une part sombre et prophétique. Comme The Needle and the Damage Done, titre court «comme la vie des junkies qu’elle décrit», synthétise le site musical Pitchfork. La drogue tuera peu de temps après deux proches de Neil Young, à qui il dédiera Tonight’s the Night (1975).
AFP (avec LQ)