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[Musique] Congés annulés : et on remet le son !


Entre lieu de vie «à la cool» et fortes exigences musicales, le festival Congés annulés garde le rythme et s’ouvre à de nouveaux horizons. C’est le rendez-vous culturel de cette seconde partie d’été!

Un rendez-vous qui, depuis huit ans, est devenu le «quartier général de l’exploration culturelle» au pays. Mieux : avec du cinéma en plein air et d’autres expérimentations, il développe généreusement cette année son arborescence, dans le but de plaire au plus grand nombre, sans tomber pour autant dans la facilité.

Un festival d’été doit-il obligatoirement se dérouler en plein air? Une question qui sonne comme un paradoxe pour les Rotondes, surtout depuis leur ouverture triomphale en juin 2015. Vite, elles se sont en effet imposées comme un lieu de vie «à la cool», enclavé entre la gare et le quartier de Bonnevoie, au vu des apéritifs estivaux au long cours et de l’ambiance bon enfant qui s’y affiche aux quatre coins du parvis. Mais voilà, quand il s’agit de faire rentrer tout ce beau monde à l’intérieur, alors que les glaçons du mojito ne sont pas encore fondus, bonjour!

Un cruel constat pour Marc Hauser, fin programmateur des lieux et âpre défenseur de la chose musicale, qui, de surcroît, a dû composer avec un délicat déménagement qui n’en finissait plus, et son lot de désagréments agaçants. Il se souvient : «Les gens ont plus profité de la terrasse que des concerts.» Et quand les plus courageux tentaient une entrée, l’acoustique de la salle, à peine étrennée, en ramenait aussi sec un certain nombre à leur verre. «C’était notre première série de concerts dans ce lieu. On tâtait le terrain», poursuit-il, reconnaissant être resté sur «une mauvaise impression». Aujourd’hui, néanmoins, tout semble rentré dans l’ordre, avec un endroit réaménagé et une programmation saisonnière qui a ramené les ouailles égarées vers leur singulier vaisseau. Toujours Marc Hauser : «On a retrouvé notre rythme de croisière et notre public.» Tout bénéfique, donc, pour ces Congés annulés, huitième du nom. Bien sûr, si le soleil est de la partie, la terrasse ne devrait pas désemplir, surtout avec ce panel de DJ set en guise d’animation. «Les gens viennent parce qu’il y a quelque chose qui se passe.» Mais hors de question de s’arrêter à l’increvable équation hamburger-bière : les Rotondes restent un lieu culturel!

Apéro, DJ set, concert et film!

Ainsi, à défaut de réussir à rameuter les pèlerins devant les enceintes, de nombreuses réjouissances se déroulent sous les étoiles. «Ils auront droit à un concert, qu’ils le veuillent ou non», rigole Marc Hauser, en expliquant l’ouverture d’une miniscène en plein air, qui accueille des sets plus légers. Mieux : en collaboration avec la Cinémathèque, les Rotondes sortent le grand écran et participe au City Open Air Cinema. Apéro, DJ set et film pour digérer. Elle est pas belle, la vie! «C’est la grande classe, même!», poursuit-il dans un rire. Dans le lot, il serait dommage d’oublier les artistes, dont la venue sur scène sera indiquée, cette édition, par une «petite enseigne». Comme ça, plus d’excuses!

Et c’est vrai qu’il y a de quoi voir et écouter avec une affiche plus hétérogène que l’année dernière, plus orientée «guitare». «Ça va dans toutes les directions, reconnaît le programmateur. Être varié et éclectique, c’est quasi une obligation avec un festival qui propose un concert par jour sur un mois.» Et selon lui, «chacun trouvera quelque chose qui lui correspond». Attention tout de même : la signature musicale des Congés annulés ne tombe jamais dans la facilité, et si cette année, on saute allégrement de l’indie-pop à l’électronique, en passant par le jazz (une première!) et le R’nB (carrément!), elle reste pointue (voir ci-contre).

Toutefois, s’arrêter à ces exigeantes considérations serait réducteur, sachant que le festival sait se montrer large dans ces propositions. Ainsi, il déroule le tapis rouge aux groupes du Luxembourg, autant qu’à ceux qui viennent de loin («We have bands»), fait des appels du pied aux familles avec des ateliers ponctuels organisés en milieu d’après-midi («Apéros familles»), invite la radio socioculturelle 100,7 à s’exprimer en long, en large et en travers («Generator am Congé»), diffuse des documentaires subversifs, concocte des clips en direct et s’ouvre à l’aventure du concert assis (dans la Rotonde 1). «On essaye des trucs. On doit s’emparer de cet endroit dans sa totalité.» Et, donc, ne pas se limiter au confort de la terrasse.

Grégory Cimatti

Jusqu’au 26 août. http://rotondes.lu