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[Musique] Ayo chante «la paix» retrouvée


À travers son nouvel album, Mami Wata, à paraître vendredi, la chanteuse Ayo, artiste et surfeuse accomplie, se reconnecte à la source en allant «chasser les vagues» de Tahiti.

Pour son septième opus, Ayo, artiste révélée au grand public par le titre Down On My Knees, en 2006, revient avec une sérénité qui a tout à voir avec son changement de vie, initié dans la confusion liée à la pandémie de Covid-19. Résidant alors au Portugal, cette citoyenne du monde cherchait à échapper au confinement qui planait au-dessus des têtes en allant à l’autre bout du monde, en Polynésie française. Un heureux concours de circonstances lui permit de donner un concert à Tahiti… île qu’elle ne quittera finalement pas.

«J’avais tellement besoin de me retrouver et de respirer et, grâce aux gens de Tahiti et à cette culture, grâce à la mer, grâce aux vagues… C’était ça ma nourriture. Ça m’a donné tellement de force», confie Ayo, présence solaire et regard perçant teinté d’un voile mélancolique. En trois ans sur place, l’artiste de 43 ans a pu assouvir une passion naissante, devenue depuis dévorante : le surf. «Le matin, je fais quatre heures. Et le soir, je fais entre deux et quatre heures», dit cette mère de trois enfants, dont deux n’ont pas encore quitté le nid. Elle s’est même essayée à la compétition et a surfé à Teahupoo, «vague spéciale et magique», lieu des épreuves de surf des JO-2024.

«Dans l’océan, c’est la paix. Dans l’eau, je suis», affirme Ayo, née d’une mère sinté (un groupe ethnique rom) d’Allemagne et dont le prénom signifie «joie» en yoruba, la langue natale de son père nigérian. «Je peux dire que ça m’a donné beaucoup de calme», assure celle dont la voix envoûtante se marie avec la guitare ou le piano, autour de sonorités folk, soul, jazz, voire funk.

Se méfier de l’eau qui dort

Sous son apparente tranquillité, Ayo est parfois agitée par des tempêtes intérieures. «C’est le calme et la tempête en moi. Parfois, il y a des gens qui, quand ils viennent à mes concerts, me disent : « Tu as beaucoup de paix, tu es tellement calme. » Et dans ma tête, je me dis : s’ils savaient!», sourit-elle. «J’aime être calme, mais je suis quelqu’un de très extrême», avec parfois «une tempête» qui se lève, avoue-t-elle, glissant rechercher un équilibre, à un âge où «on n’a plus de temps pour des choses un peu débiles et ridicules».

De plénitude et de sens, il en est question dans cet album, dont l’inspiration a été nourrie par cet environnement salé et apaisé. Déjà sorti, le morceau Money Love rappelle que l’argent ne peut pas tout acheter, comme l’amour ou la beauté d’un paysage.

Dans l’océan, c’est la paix. Dans l’eau, je suis

Pour celle qui se considère comme une «reine du shopping» repentie, cette affirmation n’avait au départ rien d’une évidence. Mais le contact de l’eau l’a détachée de certaines considérations matérielles et l’a aidée à se débarrasser de ses «sacs de vêtements», manière concrète de faire «de l’espace pour quelque chose de nouveau». «Maintenant, je préfère chasser les vagues que chasser des vêtements ou des objets», compare Ayo. «C’est devenu ma nouvelle addiction!»

Reconnectée à cette nature qu’elle appelle «la source», l’artiste évoque l’aventure et la liberté, mais aussi les tragédies et «les injustices». Comme la crise migratoire et ces exilés qui périssent en mer ou sont confrontés à l’hostilité de pays où ils croyaient avoir une vie meilleure, un sujet sous-traité selon elle. «Nous, comme artistes, on est obligés de parler de choses comme ça», estime Ayo. «Si je ne deviens pas voix des gens qui ont besoin d’une voix, je crois que ce serait mieux d’arrêter de chanter et de faire de la musique.»

Mami Wata,
d’Ayo. Sortie vendredi.