Amadou & Mariam publient vendredi « La Confusion » (Because Music), un nouveau disque où le célèbre couple de musiciens aveugles de Bamako aborde sur des musiques toujours festives des sujets aussi brûlants que l’exode dans « C’est Chaud », l’un des titres phares de leur album le plus engagé à ce jour.
« Le monde a changé. On écrit les textes par rapport au temps où nous vivons », a expliqué Amadou, sans Mariam, souffrante ce jour-là, lors d’une interview à l’AFP. « Les choses sont devenues très compliquées, il y a une confusion », estime Amadou, pointant du doigt le contexte économique et politique et la crise des migrants.
« Cette fois-ci les thèmes sont un peu graves parce que la situation aussi l’exige. C’est ce qui fait qu’il y a des morceaux comme +La Confusion+, +C’est chaud+ (« C’est dur/ Les temps sont durs/ C’est dur, c’est dur. Partout ») qui parlent du voyage et de l’exil et qui conseillent aux gens de prendre beaucoup de précautions avant de venir », poursuit-il.
Cet album, Amadou & Mariam l’ont voulu plus intimiste que leurs précédentes productions. « La Confusion » a été enregistré à Paris et à Montreuil, où le couple réside lorsqu’il n’est pas au Mali, avec le même noyau de musiciens. Loin des nombreux featurings (Bertrand Cantat, Scissor Sisters, Amp Fiddler…) de « Folila », leur disque précédent.
La photo illustrant la pochette, dont le titre est écrit en braille, montre d’ailleurs les amoureux plus enlacés que jamais.
‘On communique simplement’
Amadou Bagayoko et Mariam Doumbia se sont rencontrés en 1976 à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako. Ils ont à l’époque 21 et 18 ans, lui est musicien, elle chanteuse, tous deux ont les mêmes goûts musicaux.
Le succès planétaire d’un duo qui tourne ensemble depuis les années 1980 est survenu en 2004 avec « Un Dimanche à Bamako », la chanson-titre d’un disque produit par Manu Chao. Depuis, leurs chansons envahissent régulièrement les dance floors du monde entier.
La recette d’Amadou & Mariam ? Des messages simples, sur la vie quotidienne, la société, distillés sur des mélodies entêtantes issues de la tradition bambara, avec un habillage rock, funk, électro. Une musique qu’Amadou appelle afro-blues-rock.
« On communique simplement et on fait des truc essentiels, pour que les gens puissent chanter avec nous. Quand on dit: +Je pense à toi, mon amour, ma bien-aimée+, ça paraît simple, mais c’est l’essentiel ».
Amateurs de son, Amadou et Mariam ont fait appel dans leur carrière à divers producteurs. Cette fois-ci, c’est Adrien Durand, 30 ans, un fou de synthés analogiques vintage, qui s’y colle. Avec succès.
Le Quotidien / AFP