Le Mudam a présenté les grandes lignes de son année 2019. Une saison riche de douze expositions, aux envergures et durées très différentes.
Collaborations et rencontres avec les publics semblent être plus que jamais les maîtres mots de l’équipe du Mudam. Collaborations avec des institutions culturelles nationales, mais aussi de prestige mondial. Rencontres avec les publics, étranger mais aussi (surtout ?) grand-ducal – qui très souvent encore ne porte toujours pas le musée d’Art moderne du Kirchberg dans son cœur.
Il faut dire que l’institution était bien mal partie dans ce sens, avec des controverses avant même son ouverture – sur les retards, le prix, l’emplacement, etc. Et les choses ne se sont pas améliorées ces dernières années entre l’affaire Lunghi ou encore le démontage de la Chapelle de Wim Delvoye. D’où cette sensation donnée par les responsables de la maison de devoir encore et toujours marcher sur des œufs.
Pour gagner – enfin, pourrait-on dire –, le cœur du public grand-ducal, le Mudam propose donc plus que jamais de sortir de ses murs feutrés. «L’art n’est pas fait pour être dans un musée, l’art est fait pour vivre avec», lance à ce sujet la directrice, Suzanne Cotter. Ainsi les alentours du musée et le parc Dräi Eechelen seront de plus en plus mis à contribution pour accueillir des œuvres, voire de grands pans d’expositions à venir. Et le musée a annoncé être en discussion avec les édiles de la capitale pour «insérer des œuvres de la collection du Mudam dans le parcours quotidien des habitants».
Sur la carte du monde de l’art
Mais hors de question pour autant de délaisser les murs du bâtiment d’Ieoh Ming Pei. Douze expositions y sont annoncées pour l’an prochain. «Des expositions d’échelles, d’ambitions et de durées diverses», note encore la directrice, qui en profite pour annoncer des «collaborations avec des institutions de grande envergure et renommée, aussi bien en Europe qu’aux États-Unis». Parmi elles, le CCA Wattis Institute de San Francisco, le Zentrum Paul Klee de Berne, le prix Bâloise, ou encore le Whitney Museum de New York et le Museo Reina Sofia de Madrid.
Le public du Mudam pourra ainsi découvrir, dès l’hiver, les sculptures de Nairy Baghramian (19/1-22/9), la première grande rétrospective de la peintre Jutta Koether (16/2-12/5), les «services chorégraphiques» d’Adam Linder (6/2- 3/3) et les photos de la collection Mudam «Figures sensibles» (31/1-1/9). À partir du printemps, la première rétrospective de l’artiste grand-ducal disparu en 2016 Bert Theis (6/4-23/8), les photos de LaToya Ruby Frazier (24/4-22/9), les œuvres mêlant le visuel et l’écrit d’Etel Adnan, la série Nisyros de la peintre Vivian Suter (25/5-29/9) ainsi que les pièces qui associent sculpture, peinture, tissage, vidéo et performance de Suki Seokyeong Kang (31/8-janvier 2020).
Enfin, à partir de l’automne seront à voir les œuvres récentes conçues en dialogue avec l’architecture des lieux d’Anri Sala (12/10-12/1/2020), l’exposition «Le monde en mouvement» réalisée à partir d’œuvres de la collection Mudam (14/9-mai 2020) et la rétrospective David Wojnarowicz (octobre 2019-janvier 2020).
Une programmation riche, diverse, de qualité. Mettant en avant la grande collection comptant désormais quelque 700 pièces, mais accueillant également de grands noms de l’art contemporain, très actuel, mais aussi «historique», comme le précise Suzanne Cotter. Un programme qui devrait placer l’an prochain encore le Mudam sur la carte mondiale de l’art contemporain. Et dans le cœur des Luxembourgeois ?
Pablo Chimienti