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Moriarty : « L’au-delà est une obsession »


Collectif cosmopolite et inspiré, Moriarty n’a pas son pareil pour tisser des mélodies sans âge, hybrides et lumineuses. Son quatrième album, Epitaph, en est une nouvelle illustration. Confidences de sa chanteuse.

Dans la lignée du personnage de Kerouac – qui a d’ailleurs donné son nom au groupe – Moriarty offre depuis 1995, à chaque nouvel album, des voyages musicaux inspirés de musiques folk, irlandaises, country ou blues. Leur quatrième disque, qui sort dans quelques jours, sent bon les greniers où sommeillent des coffrets pleins de trésors cachés. La chanteuse Rosemary Standley, à la voix sensuelle et grave, évoque cet Epitaph, garni de fantômes…

Où en est Epitaph, votre nouvel album, attendu pour la semaine prochaine ?

Rosemary Standley : Il est en train d’être pressé à l’usine, et sort à un rythme régulier. En tout cas, il sera prêt pour la semaine prochaine.

Dans quel état d’esprit est le groupe avant sa sortie ? Impatient ? Excité ?

Les deux ! Surtout parce que l’on a hâte de pouvoir le partager avec les gens, même si on l’a déjà joué sur scène, et que les retours sont bons. En tout cas, on est aux aguets : on regarde ce qui se passe, on écoute les avis… La sortie d’un disque, c’est un peu comme une naissance : l’enfant est attendu, à la seule différence près qu’on sait à quoi il va ressembler. Reste une question d’importance : quelle vie va-t-il avoir ?

Craignez-vous les fuites sur internet? Que pensez-vous des derniers cas, de Madonna à Björk ?

Ce n’est pas sympa pour l’artiste, qui se prépare à une sortie d’album. Le priver de cela, c’est le priver d’un vrai plaisir. Personnellement, je relativise, car internet est utile pour ce qui est de la diffusion de la musique et la transmettre à un maximum de personnes. Après, elles viennent aux concerts et achètent le disque sur place ! Mais ces fuites montrent bien le décalage qu’il peut y avoir entre l’artiste et un public. Peut-être que les albums sont trop chers ?

Epitaph fait suite à un album de reprise. Est-il bon de se remettre à l’écriture ?

Oui, c’est certain. Cependant, Fugitives a été abordé comme un album « classique », et parfois, le travail de réécriture prend autant de temps que de composer… La vraie satisfaction, c’est surtout de s’être posé en studio après une longue tournée, et prouver que l’on savait faire de la musique : on a en effet souvent entendu que Fugitives était le meilleur disque de Moriarty. Le compliment fait plaisir, même si on est à l’origine d’aucune chanson dessus. Merci quand même !

Comment pourrait-on définir ce nouvel album ?

Disons que l’on ne s’est pas trahi, et on retrouve sur ce disque de fortes influences folk-blues. Après, on peut constater une réelle évolution, car on avait tous envie d’aller vers des sonorités plus dansantes. Notre rencontre avec Christine Salem, chanteuse réunionnaise, y est sûrement pour quelque chose…

Que doit-on comprendre par ce titre ? Une réflexion sur la mort ?

Chez Moriarty, l’au-delà est toujours une obsession. Le diable, la vie après la mort… ce sont un peu le fil rouge de tous nos disques ! Peut-être même un peu plus depuis que l’on a retranscrit Le Maître et Marguerite, roman de Boulgakov, pour France Culture. De toute façon, le folk américain regorge de chansons sur l’amour et la mort. Dans un sens, on s’inscrit dans une tradition. Et n’oublions pas qu’il est toujours plus facile d’écrire des morceaux tristes que drôles !

Au vu de vos derniers concerts, on a l’impression que Moriarty s’électrise un peu plus. Est-ce juste une impression ?

Non, pas du tout. Cette orientation a réellement débuté avec The Missing Room. Un ami journaliste avait alors trouvé la juste expression en disant que « Moriarty avait mis les doigts dans la prise ! » On ne s’en cachait d’ailleurs pas : en concert, je rentrais sur scène avec une belle guitare rouge… Là, pour Epitaph, on a poussé l’envie encore un peu plus loin, en se dirigeant vers une musique plus festive, parfois à la frontière de la transe.

Comment appréhende-t-on un concert avec de nouvelles chansons, sans toutefois trop les dévoiler et garder un peu de surprises pour l’album ?

Je n’ai jamais réfléchi à cela, car selon moi, les morceaux doivent mûrir, et le live est un très bon exercice. D’un côté, quand on les joue, on se rend compte des directions à prendre pour les rendre encore plus efficaces. D’autre part, c’est émouvant de voir le public réagir en direct, de sentir son émotion lorsqu’il découvre une nouvelle chanson.

Votre dernier passage au Luxembourg remonte à 2009, au Casino 2000 de Mondorf-les-Bains. En gardez-vous de bons souvenirs ?

(Elle rigole) Oui, même si c’était assez étrange. On était programmés en première partie – ce qui nous arrive quasi jamais – avec d’autres artistes qui n’avaient rien à voir les uns avec les autres. Je me rappelle que la tête d’affiche du festival était Quentin Mosimann (NDLR : vainqueur de la Star Academy 7), qui était venu avec ses fans ! C’était plutôt drôle…

Entretien avec Grégory Cimatti

Moriarty sera sur la scène de la Rockhal d’Esch-Belval, le 21 avril à 20h30.

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