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Moonlight Solitude : une expo magistrale


La Nuit sans lune, de Martine Feipel et Jean Beichamel, n'est pas sans rappeler La Ville noire, de George Sand. (photo David Laurent)

La galerie Zidoun & Bossuyt accueille le duo d’artistes franco-luxembourgeois Martine Feipel et Jean Bechameil dans ses nouveaux locaux. Leur installation « Moonlight Solitude », magistrale, invite à l’introspection.

Depuis quelques mois, la galerie Zidoun & Bossuyt a quitté le quartier de la Gare à Luxembourg pour rejoindre le Grund, dans un espace sublime et plus grand, permettant d’accueillir des installations plus imposantes. C’est ce qu’a choisi de proposer le duo d’artistes Martine Feipel et Jean Beichameil à travers leur exposition «Moonlight Solitude», présentée jusqu’à début novembre.

Depuis leur sélection pour représenter le Luxembourg à la Biennale de Venise en 2011, tout le monde s’arrache les créations des artistes franco-luxembourgeois Martine Feipel et Jean Beichamel. Et ce n’est pas par hasard… En effet, leur travail interroge l’espace dans lequel nous vivons, nos convictions et nos rêves. Ils proposent un regard touchant et poétique sur le monde en transition, ils offrent une fenêtre pour penser et se projeter et, pourquoi pas, recréer le monde.

Pour leur exposition à la galerie Zidoun & Bossuyt, ils ont attendu la fin des travaux dans ce nouvel écrin que s’est confectionné la galerie, pour pouvoir y installer une monumentale pièce : La Nuit sans lune . Une énorme cloche se balance au milieu de l’espace, au seul son du mécanisme qui la met en action. Sur le sol, des taches noires, sortes de gouffres qui reflètent le mouvement perpétuel tout en absorbant le regard vers les tréfonds.

L’essence de l’expérience de l’espace

« Nous avons créé cette pièce lors de notre séjour à Thiers, dans ce que l’on appelle le « Creux de l’enfer ». C’est un ancien endroit industriel totalement vidé de son activité et de sa population. La nature semble reprendre ses droits sur l’architecture, le site est entouré d’une vallée rocheuse imposante et d’une rivière infernale », expliquent Martine Feipel et Jean Beichamel.

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De leur séjour, ils ont pris l’essence de l’expérience de l’espace. Des rochers semblant s’être effondrés dans la galerie. Et cette installation, promenade lors d’une nuit sans lune qui nous offre tous ses fantasmes et ses peurs, surmontée par une cloche sonnant la destinée de l’espace et de ses habitants. Si George Sand avait très bien décrit cette lutte perdue d’avance entre l’homme et la nature au Creux de l’enfer, dans son ouvrage La Ville noire , Martine Feipel et Jean Beichamel proposent une version plastique contemporaine, subtile et poétique de cette interrogation.

Leur seconde installation, Moonlight solitude , créée pour l’occasion, offre une drôle de sculpture aux spectateurs. Sorte de totem d’objets obsolètes de la modernité, des enceintes audio, un lecteur de cassettes, de vieilles télévisions se superposent, figés, comme fossilisés devant nos yeux. « Cette pièce est un travail que nous avons fait dans la continuité de notre installation sur les grands ensembles que nous avions réalisée à l’occasion de notre résidence à la Cité internationale des arts à Paris. Comme pour les grands ensembles, nous interrogeons ici la question de la modernité qui s’échappe, d’une époque qui se termine, du rêve d’une société qui devient obsolète », ajoute le duo.

Comme les grands ensembles d’habitation l’ont été pour la vie urbaine, les objets qu’ils ont figés dans la matière symbolisent les premiers moyens de démocratiser la culture, la création d’un véritable objet fonctionnel qui n’existait pas avant et qui n’existe plus aujourd’hui. « Comme pour les cités, ces objets ont quelque chose de monumental, comme une affirmation de vouloir changer le monde! », racontent-ils.

Au-delà de cette confrontation poétique à notre monde en mutations et en crise, Martine Feipel et Jean Beichamel ouvrent une nouvelle fenêtre sur les rêves d’une société, sur notre relation au monde qui nous entoure, sur ce qui nous définit en tant qu’individus dans la société et par-delà même offrent une brèche pour étendre notre regard au-delà du visible et se remettre à rêver.

Mylène Carrière

Galerie Zidoun & Bossuyt – Luxembourg. Jusqu’au 7 novembre. www.zidoun-bossuyt.com

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