Pour le 350e anniversaire de sa mort, Molière est célébré en rimes, en slam et en rap, dans un ambitieux spectacle musical signé Dove Attia et Ladislas Chollat.
J’ai choisi mon destin : je serai comédien!» À la fois comédie, drame et romance, le spectacle Molière, l’opéra urbain, à l’affiche au Palais des sports de Paris jusqu’en février avant une tournée, raconte «l’histoire extraordinaire de Molière avant Molière», de ses débuts jusqu’à sa consécration chèrement gagnée, puis sa disparition, le 17 février 1673, à l’âge de 51 ans, après une représentation de son Malade imaginaire dans le rôle-titre.
«Ce que j’aimerais que l’on retienne, c’est l’aventure d’un homme passionné, toujours actuel par ses textes, qui est allé au bout de ses rêves. Molière a été avant-gardiste, provocateur, visionnaire, donc indémodable», souligne le producteur et auteur du livret, Dove Attia. Depuis 2000, ce dernier enchaîne les comédies musicales à succès avec Les Dix Commandements (2000), Le Roi Soleil (2005) ou Mozart, l’opéra rock (2009), réunissant au total près de 8 millions de spectateurs, selon la production. «Ce Molière a été le plus compliqué de tous mes spectacles, avec un long chemin d’écriture pour relever le mieux possible cet énorme défi», ajoute le dramaturge, qui s’est inspiré d’une biographie de l’écrivain et chroniqueur de radio Christophe Mory.
Marquises en rollers
Molière, l’opéra urbain réunit une trentaine de comédiens, chanteurs et danseurs en costumes d’époque et démarre au lendemain de la mort de Louis XIII, «le moment où le destin de Jean-Baptiste Poquelin bascule». Âgé de 21 ans, le futur Molière s’affranchit de son père, tapissier du roi, qui veut en faire son successeur, préférant créer une troupe de théâtre.
À la manière d’un opéra, une cinquantaine de chansons, dont des titres prometteurs comme Regardez-moi, Rêver j’en ai l’habitude et Tu finiras par tomber, se succèdent. Molière est campé par le chanteur canadien Petitom, entouré d’une troupe métissée, débordant d’énergie et réunissant plusieurs artistes révélés par l’émission The Voice, dont Abi Bernadoth dans le rôle du prince de Conti, premier protecteur de Molière avant de devenir l’un de ses pires ennemis.
L’impressionnant décor est constitué d’astucieuses passerelles mobiles. Au deuxième acte, le Palais des sports de Paris se transforme comme par magie en théâtre royal. Pour actualiser ce Molière version 2023, des marquises sont en patins à roulettes et la starification du célèbre dramaturge est immortalisée par des photographes en habits de cour.
Ultime ovation
Ladislas Chollat, qui va monter Les Misérables au théâtre du Châtelet en 2025, signe une mise en scène captivante. La mort de Molière est l’occasion d’un moment particulièrement réussi : tous les personnages iconiques du dramaturge, de Scapin à Sganarelle en passant par Harpagon, Monsieur Jourdain et Toinette, lui offrent une ultime ovation. «Je ne pouvais pas passer à côté de cette incroyable aventure avec Molière, dont la stature m’a un peu écrasé au début. Avec Dove Attia, on a voulu montrer Molière qui ne sait pas qu’il est Molière. Un gars un peu fou, un homme pressé qui devient comédien, chef de troupe puis auteur», souligne le metteur en scène, dont c’est le troisième spectacle musical, après Résiste (2015), autour des chansons de Michel Berger, et Oliver Twist (2016), d’après Charles Dickens.
Pour Dove Attia, l’important était de «rendre Molière compréhensible pour les jeunes générations». «Mon plus grand bonheur, ce sont les enfants qui se passionnent pour Molière après le spectacle!», dit-il.
Le spectacle musical partira en tournée à travers la France, la Belgique et la Suisse pour une quarantaine de dates à partir du printemps 2024. Si aucune date luxembourgeoise n’est prévue pour l’occasion, Molière, l’opéra urbain s’arrêtera au Forest National de Bruxelles le 23 mars puis au Galaxie d’Amnéville pour trois représentations, les 6 et 7 avril prochains.
Molière, l’opéra urbain, de Dove Attia. Mise en scène de Ladislas Chollat.