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Miel de Montagne, l’autodérision d’un Ouin ouin


(Photo : afp)

Clown triste qui expurge ses démons en chanson ou joyeux drille de l’electro pop, Miel de Montagne est les deux à la fois dans Ouin ouin, album mélancolique et planant sorti vendredi en préface d’une tournée européenne.

«Ça fait des heures que je pleure, ouin ouin ouin», s’émeut Miel de Montagne dans son troisième album, qu’il a conçu entièrement seul, jusqu’à la pochette.

Derrière un titre pleurnichard, douze chansons se répondent entre mélancolie et autodérision, le bouclier de ce trentenaire qui fait rimer «chanson d’amour» avec «issue de secours». Mais ce spleen est enveloppé de mélodies electro pop fraîches et légères qui tranchent avec le propos et invitent au laisser-aller. Surtout quand elles sont jouées à l’heure où le soleil se couche, son créneau favori.

«C’est un plaisir d’avoir du temps pour pouvoir parler à des gens qui ne sont pas encore complètement éméchés. Il n’est pas 4 heures du mat’. Et puis, moi, je suis un couche-tôt et un lève-tard», lance l’artiste, qui a mis du temps à trouver sa place dans la musique comme dans la vie.

En rupture avec le lycée, quitté avant le bac, ado mal dans sa peau, le musicien a d’abord officié comme DJ, avant de s’exprimer par la chanson et d’appréhender un autre lien avec le public, explique-t-il. Ses titres Pourquoi pas ou Permis B bébé connaissent un certain succès et dévoilent son univers décalé.

Besoin d’humour

L’artiste ayant la bougeotte, il part pour quelques concerts aux États-Unis. En mai, il jouera à l’Olympia et sera sur les routes pour une tournée européenne, accompagné sur scène de deux autres musiciens.

S’il chante l’envie d’un Nouveau départ dans ce disque, Miel de Montagne dit conserver ce «besoin» de s’amuser : «Les gens au premier degré, trop sérieux, ça m’a toujours un peu glacé. Pour me sentir à l’aise, j’ai besoin d’une touche d’humour», confie ce luron ébouriffé, tendance anxieuse.

Cet album, «après l’avoir fait, je me suis senti tellement bien! Je crois que j’ai besoin de faire des trucs parce que, sinon, ça m’angoisse. Du coup, plus je fais de la musique, plus je suis heureux», glisse-t-il.

Fan du maître excentrique Philippe Katerine, Miel de Montagne a partagé en 2022 avec l’interprète de Louxor, j’adore un duo, C’est dur, sur la quête d’identité.

Soutien familial

Pour faire bourdonner sa musique, Miel de Montagne travaille beaucoup seul, dans son studio des Deux-Sèvres qui jouxte la maison de ses parents. Il y a une dizaine d’années, «je me suis réinstallé (chez eux) parce que j’étais fauché. Je n’avais plus trop d’autre choix pour ne pas trop déprimer», raconte-t-il. «Mais là, je suis en train de redevenir un Parisien. Je suis devenu un énorme adulte. J’ai acheté un appartement, pour avoir un chez moi», sourit Milan, son vrai prénom.

Il reste attaché au cocon familial, propice à la création : son père, Marcel Kanche, est un parolier reconnu, qui a notamment coécrit les tubes Qui de nous deux? de Matthieu Chedid et Divine idylle de Vanessa Paradis.

Une mère enseignante d’arts plastiques et une sœur écrivaine complètent le tableau. «Avoir le soutien de la famille pour faire un truc que t’aimes, c’est hyper important. Après, j’ai fait mon parcours. Quand je faisais de la house, c’est sûr que mon père était là : « T’es sûr? Je comprends rien »», s’amuse Miel de Montagne.

Il confie au passage avoir choisi son nom de scène par «provoc’», un jour où il se trouvait… en face d’un pot de miel. Même si, en réalité, «mon miel préféré, c’est le miel de lavande».

Ouin ouin, de Miel de Montagne.