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Michaël Denard, « l’oiseau de feu » de l’Opéra de Paris est décédé


Michaël Denard (au c.), ici en 2014 dans "Mademoiselle Julie" à l'Opéra Garnier. (photo AFP)

Danseur solaire et gracieux, l’ex-étoile de l’Opéra de Paris Michaël Denard, décédé à l’âge de 78 ans, s’était illustré dans L’Oiseau de feu, dans une version créée spécialement pour lui par Maurice Béjart.

Né à Dresde le 5 novembre 1944 de père français et de mère allemande, Michaël Denard commence extrêmement tard le ballet, à 18 ans, se formant à Tarbes (Hautes-Pyrénées), avant d’être engagé en 1963 dans le corps de ballet du Capitole de Toulouse, puis celui de l’Opéra de Nancy.

Admis sur audition comme surnuméraire au Ballet de l’Opéra de Paris en 1966, il va connaître une ascension fulgurante, gravissant trois échelons en trois ans. En 1971, il apprend sa nomination d’étoile alors qu’il dansait comme invité avec l’American Ballet Theatre.

Un an plus tôt, alors qu’il était encore « premier danseur », une rencontre déterminante avec le chorégraphe Maurice Béjart va propulser sa carrière: subjugué par le danseur, Béjart crée pour lui sa version de L’Oiseau de feu de Stravinski, un rôle-titre qui est d’habitude dansé par des ballerines. « Ce rôle est devenu comme une seconde peau », dira le danseur au journal La Croix en 2009.

La première au palais des Sports en novembre 1970 est un triomphe, et le journal Le Monde rapporte alors que, face à « un public dont la moyenne d’âge dépassait à peine 25 ans », Michaël Denard, « beau comme un dieu de la révolution, a gagné « ses galons de grand interprète ».

« Son nom restera à jamais associé à notre maison », a réagi vendredi l’Opéra de Paris. « Un autre grand de la danse est parti cette nuit rejoindre les étoiles », a écrit le directeur de la danse de l’Opéra José Martinez, en référence au décès fin janvier d’une autre gloire de l’Opéra, Attilio Labis. « Cher Mica, Terpsichore (NDLR : muse de la danse) doit être contente de t’avoir auprès d’elle. Nous, tu vas beaucoup nous manquer », a-t-il ajouté.

Arrivée de Rudolf Noureev

« C’était un prince de l’Opéra, un danseur qui a ensoleillé la scène. À la sortie de L’Oiseau de feu, il a été accueilli comme un rockstar », se souvient Brigitte Lefèvre, ancienne directrice de danse de l’Opéra.

Dansant à la perfection le répertoire romantique, Michaël Denard formera un partenariat célèbre avec l’étoile Ghislaine Thesmar, mais dansera aussi avec les plus grandes ballerines de son temps lors de multiples tournées internationales.

« C’était à l’époque du directeur de la danse Raymond Franchetti qui était partant pour créer des couples légendaires à l’Opéra », explique Ariane Dollfus, autrice d’une biographie de Béjart et de Noureev, en référence aux couples Thesmar-Denard, Jean Guizerix-Wilfride Piollet ou encore Noëlla Pontois-Cyril Atanassoff.

L’arrivée de Rudolf Noureev à la tête de la direction de la danse en 1983 ne joue pas exactement en la faveur de Michaël Denard, l’artiste mettant en avant plutôt la toute jeune génération du Ballet, comme Manuel Legris, Laurent Hilaire ou Sylvie Guillem.

Directeur de la danse au Staatsoper

Il fait ses adieux en 1989, et reviendra dans la maison dans les années 2000 pour donner des cours aux danseurs de l’Opéra. « Il me semble qu’ils sont soumis à davantage d’exigences qu’à mon époque, ils ont plus de représentations et on leur demande en peu de temps de maîtriser des univers chorégraphiques très nombreux et différents », confiait-il à La Croix.

Il revient sur la scène de l’Opéra en 2009 pour incarner le père Duval dans La Dame aux camélias de John Neumeier.

Entre 1993 et 1996, il se lance dans une nouvelle expérience, en qualité de directeur de la danse au Staatsoper de Berlin, dont la direction musicale est assurée par Daniel Barenboim. Passionné par le jeu d’acteur, il joue au cinéma et surtout au théâtre (Le Journal d’un fou de Gogol et Un mari idéal d’Oscar Wilde) et, notamment dans l’adaptation scénique de Peau d’âne au théâtre Marigny en 2018.