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Michael Cohen, l’avocat « pitbull » de Trump, dans le viseur du FBI


Donald Trump et Michael Cohen ont en commun un orgueil hypertrophié, une confiance inaltérable dans leur destin et une façon de s'exprimer à l'emporte-pièce. (photo AFP)

Parfois comparé à un « pitbull » gardant farouchement les intérêts de Donald Trump, l’avocat new-yorkais Michael Cohen est passé du statut de défenseur de l’ombre à celui de suspect perquisitionné.

De fait, depuis que les enquêteurs du FBI ont fait irruption lundi dans ses bureaux, Michael Cohen se voit prédire par certains un rôle peu enviable de « fusible » ou de « bouc émissaire ». Mais ce fidèle parmi les fidèles peut pour l’instant compter sur le soutien du président, qui a réagi à la perquisition comme si on s’en était pris à sa propre famille. « C’est une véritable honte ! C’est une attaque contre notre pays », a tempêté Donald Trump, furieux de cette intrusion.

Cette véhémence est venue confirmer que Michael Cohen fait bien partie du cercle rapproché du milliardaire, dont il est depuis longtemps l’avocat personnel. On a d’ailleurs présenté ironiquement ce juriste aux cheveux poivre et sel comme le sixième enfant du magnat de l’immobilier, dont il partage divers traits de caractère. Affirmant chacun ne dormir que quelques heures par nuit, les deux hommes élevés à New York ont en commun un orgueil hypertrophié, une confiance inaltérable dans leur destin et une façon de s’exprimer à l’emporte-pièce.

« Le gars prêt à se prendre une balle » pour Trump

Michael Cohen, 51 ans, aime insister sur sa loyauté indéfectible envers son mentor. « Je suis le gars qui protège le président et sa famille. Je suis le gars prêt à se prendre une balle à la place du président », a-t-il déclaré au magazine Vanity Fair. Le natif de Long Island a d’abord été démocrate avant de virer républicain. Il a investi dans diverses propriétés immobilières de Donald Trump, convainquant même sa famille de l’imiter. Il a rejoint dans les années 2000 la Trump Organization, dont il a gravi les échelons jusqu’à la vice-présidence, conservant la main sur le contentieux judiciaire.

En 2015, Cohen avait menacé un reporter du site Daily Beast, qui l’avait contacté à propos d’accusations formulées par Ivana Trump, l’ex-femme du grand patron, qui avait assimilé leurs relations conjugales à un « viol ». « Si vous écrivez un article incluant le nom de Trump et le mot viol, je ferai de votre vie un enfer », avait averti l’avocat. Plus tard, il a été l’un des porte-parole de campagne de Donald Trump. Lors d’un échange tendu avec la journaliste de CNN Brianna Keilar, qui lui faisait part de sondages défavorables à Trump, Michael Cohen lui avait abruptement coupé la parole : « Qui dit ça ? » avait-il répété. La séquence est devenue virale sur internet.

L’affaire Stormy Daniels pourrait le condamner

L’avocat juif, fils d’un survivant de l’Holocauste, n’a jamais paru ébranlé quand Donald Trump s’est vu reprocher de cultiver l’ambiguïté avec des dirigeants de l’extrême-droite antisémite. Il vante au contraire les liens anciens cultivés par l’homme d’affaires avec les communautés juives de Brooklyn et du Queens, ou le mariage de sa fille Ivanka avec l’entrepreneur Jared Kushner.

L’avocat a également prouvé jusqu’où il était prêt à aller pour parer les coups susceptibles de viser Trump : il a admis avoir versé de ses fonds propres 130 000 dollars à l’actrice de films pornographiques Stormy Daniels, en échange de son silence sur une relation sexuelle présumée en 2006 avec le futur président. En signant en 2016 cette clause de confidentialité, il se voit aujourd’hui suspecté d’avoir violé les règles de financement électoral.

Donald Trump a démenti toute liaison avec Stormy Daniels, laissant reposer tout le poids de ce dossier embarrassant sur les épaules de son avocat, bien incapable d’expliquer ce paiement. Interrogé sur cette somme, le président a botté en touche : « Il faut demander à Michael Cohen ».

Le Quotidien/AFP