Opale, agate, aigue-marine, quartz… De jolis bijoux, mais pas seulement, assure Guy Breyer, qui a ouvert à Pétange le magasin Lapidibus. Là, il partage ses connaissances sur les bienfaits de pierres venues de contrées lointaines. Ou de Belval!
«Diamonds are a girl’s best friend», chantait Marilyn. Et si c’était plutôt la tsésite? Pour Guy Breyer, en tout cas, cela ne fait pas de doute. «C’est ma pierre préférée. D’ailleurs, c’est une exclusivité, je suis le seul à l’avoir dans le Benelux», assure-t-il. Il s’explique : «Je connais un vieux renard, un globe-trotter autrichien qui en a trouvé des tonnes en Namibie! Il en a acheté à un Africain qui les collectionnait. Cet Africain les avait lui-même obtenues chez les San, un peuple indigène dont le nom veut dire « les hommes qui ramassent la terre ». Ils avaient accumulé ces tsésites pendant des décennies.»
Et qu’a-t-elle de spécial, cette pierre? Car si on en trouvait une par terre, on ne la ramasserait pas. «C’est de la goethite enrobée de manganite. Elle a comme propriété d’améliorer l’apport d’oxygène aux cellules, d’aider à la régénération du foie, de stimuler la circulation lymphatique…»
Avec la traduction? «Je dirais qu’elle stimule l’intelligence du cœur : elle vous pousse à être vous-même, en calmant les angoisses et en vous donnant de la confiance. Elle est très puissante. Certaines pierres sont des bicyclettes, d’autres, de petites voitures. La tsésite, c’est une Ferrari», dit-il en riant.
Drôle de discours pour un homme qu’on imagine mal en train de faire carrière, il y a encore quelques années, dans le secteur bancaire! «Je travaillais dans de grandes banques luxembourgeoises, j’étais dans le back office titres, je faisais des voyages d’affaires en Suisse… Mais je remettais déjà tout en question. Cette vie-là ne me plaisait plus.» Et les pierres?
«Ça m’est tombé dessus. Il y a 15 ans, j’ai rencontré un spécialiste luxembourgeois, Robert Dahm. C’était un lithothérapeute (NDLR : soin par les pierres) installé au Limpertsberg. Un homme très spirituel. Je le trouvais farfelu, bizarre. Il m’a dit que je sentais les pierres. Comme je vous l’ai dit, je suis très sceptique de nature. Jusqu’au moment où il m’a montré ses pierres. En les mettant dans ma main, certaines me chatouillaient la gorge, le ventre, la tête… C’est là que j’ai senti qu’une pierre n’était pas qu’une pierre, qu’elle pouvait avoir des effets. D’ailleurs, avec certaines pierres, il faudrait être mort pour ne pas le sentir.» Parce que ça marche avec tout le monde? «Oui, tout le monde. Mais on n’y fait pas forcément attention.»
Et il ne manque pas d’exemples, comme avec cette pierre rose : «Ça, c’est une rhodochrosite. C’était l’or des Indiens. Elle vous booste, à tel point que certains ne la supportent pas, elle les rend trop nerveux.» Ou encore la hollandite, «qui agit contre le burn-out».
Des pierres «made in Luxembourg»
Finalement, Guy quitte la banque, vivote, s’occupe de ses enfants… et creuse sa passion . «Il m’a fallu plusieurs années pour que je m’intéresse vraiment aux pierres. J’ai commencé à en vendre sur les marchés en 2012.»
Deux ans après, il ne fait plus que ça. Si bien qu’en novembre dernier, il décide de se lancer et d’ouvrir une boutique à Pétange. Son nom : Lapidibus. «C’est le pluriel de « lapis », qui veut dire pierre.»
Améthystes, obsidiennes, opales, agates, aigues-marines, quartz bleu… Il y vend des dizaines de types de pierres, achetées auprès de fournisseurs principalement autrichiens. «Mais j’ai aussi des pierres luxembourgeoises, comme du calcite, du quartz… Ça, ça vient d’Esch-Belval, ça, de Pétange, ça, de Dudelange…»
Mais attention. Pouvoirs ne veut pas dire surperpouvoirs : «Moi, je n’aime pas trop l’ésotérisme. Certains pensent qu’ils pourront traverser le monde les yeux fermés en ayant une pierre dans la poche, ou entrer en contact avec des anges ou des trucs comme çà… Là, ça va trop loin.»
Et quand bien même on resterait sceptique sur le pouvoir des pierres, on peut toujours aller jeter un œil dans sa boutique, et se satisfaire de leur étincelante beauté!
Guy Breyer ne se contente pas de revendre des pierres achetées en gros. Il reçoit aussi l’aide de «(son) artiste» : Carine (photo), sa compagne, qui s’occupe de la taille et du polissage des pierres. Elle réalise et répare aussi des colliers. Et c’est aussi grâce à elle que les prix sont très corrects : «Je passe des heures sur les pierres. Mais ce travail, on ne le compte pas complètement dans le prix de vente, sinon personne ne les achèterait!», sourit-elle.
Elle travaille avec une polisseuse diamant : «C’est un travail physique, dur. Mais ça dépend des pierres, certaines sont plus souples que d’autres. Ça, par exemple, c’est la pinolite (photo), c’est ma préférée pour polir, car elle se laisse très bien faire, elle est souple.»
Elle partage l’enthousiasme de Guy : «Chaque pierre est différente, comme chaque homme. Il faut trouver celle qui vous correspond. C’est pourquoi on dit qu’ici c’est comme un foyer d’asile pour pierres, car certaines doivent parfois attendre longtemps avant de trouver leur bon propriétaire.»