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Machines à remonter le temps au musée d’Histoire et d’Art


Luxembourg – La future aile Wiltheim du musée national d’Histoire et d’Art est en cours d’aménagement. Hier, deux pièces d’exception sont arrivées : la première voiture du pays et une machine à laver des années 50.

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La voiture est arrivée en pièces, histoire de pouvoir passer par les petites portes et fenêtres des anciennes bâtisses. (Photos : Alain Rischard)

Une auto et une machine à laver dans un musée d’histoire et d’art ? L’affaire peut surprendre mais Régis Moes, conservateur chargé de l’histoire luxembourgeoise contemporaine et des arts décoratifs populaires au MNHA, la défend : « Oui, il est tout à fait pertinent de montrer ces pièces, car ce sont des objets d’exception qui ont marqué leur époque. Ils montrent tous les deux une évolution technique majeure et l’arrivée de nouveaux modes de vie. Sans compter qu’outre sa fonction d’exposition, le musée a la mission de préserver le patrimoine. »

Cette Benz, évidemment, a une sacrée histoire. Achetée pour 2 600 francs par le sidérurgiste Paul Wurth, qui s’offrait là un signe extérieur de richesse et de modernité sans égal, l’auto est arrivée depuis Mannheim dans sa demeure walferdangeoise en août 1895. La légende raconte que les vieilles dames du village ont cru voir arriver le diable ce jour-là ! Forte de son petit moteur de 1 045 cm3, le bolide filait à la vitesse vertigineuse de… 25 km/h !

> Une Benz à 200 000 euros

Si Paul Wurth a été le premier, les capitaines d’industrie et autres grands commerçants lui ont vite emboîté le pas. En 1906, il y avait 67 autos au Grand-Duché, 289 en 1911. Le certificat de capacité, grand-père du permis de conduire, est arrivé cinq ans plus tôt (1906).

La famille Wurth a longtemps gardé l’automobile dans son giron avant de la confier au musée il y a une trentaine d’année. « C’est d’ailleurs l’une des pièces les plus photographiées », assure Régis Moes. Mais en 2007, plutôt que d’en faire don à l’institution, la famille préfère la vendre pour la modique somme de… 200 000 euros ! C’est un budget spécial validé par le ministre des Finances d’alors, Luc Frieden, qui a permis la transaction, offrant aux héritiers une spectaculaire plus-value.

Et à ce prix-là, l’auto n’était même pas dans un état irréprochable, puisque les restaurateurs du musée se sont attelés à la restaurer dans leurs ateliers de Bertrange.

L’histoire de la machine à laver, qui est aujourd’hui installée juste à côté, n’est pas moins intéressante. Elle a été produite au début des années 1950 par la société Zuang, qui était basée jusque dans les années 1970 à Dudelange. Achetée à un particulier, cette machine lourde de plus de 100 kilogrammes a été construite, avant la mondialisation, « à une époque où l’on fabriquait encore de l’électroménager au Luxembourg », explique Régis Moes qui ajoute que l’on assemblait alors aussi des réfrigérateurs à Vianden !

Il va toutefois falloir attendre encore un peu avant de pouvoir aller admirer ces pièces installées dans l’aile Wiltheim. « Elle ouvrira le 19 mars », précise le conservateur du MNHA, Michel Polfer. Sur ces 2 000 m², la nouvelle section des arts décoratifs et populaires reflètera les manières de vivre au Luxembourg de 1 500 à aujourd’hui, avec un accent sur les périodes art déco et art nouveau. « Certaines pièces étaient déjà présentées dans le bâtiment principal, mais la majorité n’ont pas encore été présentées au public, faute de place », explique Michel Polfer.

De notre journaliste Erwan Nonet