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-M- sort « Lanomali » : « J’ai voulu célébrer sa culture, ses gens… »


Le nouvel album de -M- est rempli de tubes en puissance qui annoncent déjà l'été. (photo DR)

Avec « Lamomali », -M-, alias Matthieu Chedid, déclare sa flamme au Mali.

« J’ai voulu célébrer la beauté du Mali, sa culture, ses gens »… -M- vient de sortir Lamomali, un disque afro-pop, coréalisé avec les musiciens Toumani et Sidiki Diabaté et rempli de tubes en puissance qui annoncent déjà l’été. Recevant dans un studio parisien dans un décor africain de circonstance, -M- évoque sa relation avec ce pays découvert en 2005 : «Humainement, c’est un peuple qui me touche. Pourtant, je ne les connais pas plus que ça, je n’y suis allé que quelquefois. Mais le feeling passe complètement.»

Sa première expérience malienne, il en parle avec un sourire d’adolescent : «Le premier soir, on m’a amené dans un maquis (NDLR : un bar en plein air). Un groupe jouait, tout le monde dansait, c’était très impressionnant. Ils m’ont fait monter sur scène. J’ai commencé à faire du Jimi Hendrix sur leur musique. À la fin, on me lançait des billets, on m’arrosait d’alcool. J’étais baptisé par les Maliens.»

Douze ans plus tard, «c’est pour eux» que l’artiste de 45 ans assure avoir fait cet album, «qui est aussi le fruit des rencontres» : le duo Amadou et Mariam, la comédienne et chanteuse Fatoumata Diawara remarquée dans le film césarisé Timbuktu, et surtout l’homme à l’origine du projet, Toumani Diabaté, maître de la kora, cet instrument à 21 cordes. «En 2015, je l’ai invité avec son fils. On a posé trois micros dans mon salon et on a enregistré les bases d’un album en se disant ‘on verra ce qu’on en fait’ », raconte -M- qui, ne souhaitait toutefois pas réaliser un disque de musique traditionnelle. «Je n’allais pas réinventer leur musique, elle est déjà sublime.»

«Plus tu nous éclates tout ça, mieux ce sera !»

«Toumani voulait qu’on fasse de la pop, enchaîne-t-il. C’est lui qui m’a motivé, car je sacralisais complètement cette musique malienne, je ne touchais à presque rien. Il m’a dit : Matthieu, plus tu nous éclates tout ça, mieux ce sera !» Au final, le Mali s’est bien invité dans l’univers de -M-, mais à dose assez homéopathique.

La kora lance la plupart des chansons, avant que la pop électrisée, funky du Français ne prenne le dessus. Hormis sur quelques plages atmosphériques, comme l’ouverture Manitoumani, l’ensemble s’avère énergique et remuant. Danser au son du Mali, voici finalement la promesse faite par -M- et sa vingtaine d’invités sur cet album métissé, qui trouve son peps dans la production electro de Philippe Zdar, moitié du groupe Cassius. Promesse qui devrait être tenue avec des hits comme L’Âme au Mali et Bal de Bamako.

Sur ce titre, -M-, accompagné du rappeur Oxmo Puccino, chante : «Honni soit qui mal y pense/Qu’importe la couleur de ta peau/Béni soit qui au Mali danse/Au son des bals de Bamako». À l’image de cette chanson, ses textes oscillent entre poésie et utopie, avec un brin de naïveté. Pour Solidarité, -M- a voulu convoquer plusieurs nationalités. Outre les Diabaté, la chanteuse américaine Santigold, l’artiste libanaise Hiba Tawaji, le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf, le rappeur français Nekfeu ou le Sénégalais Youssou Ndour ont donné de leur voix.

Le prolongement scénique, qui débutera à Lyon aux Nuits de Fourvières (début juin), Matthieu Chedid trépigne de le vivre, après en avoir eu un premier aperçu en janvier à Bamako. «On a joué ces morceaux avec pourtant pas grand-chose et ç’a été extraordinaire .» «Je pense que ça va être fou, je ne le dis pas de façon racoleuse. Mais il ne faut pas passer à côté de cette vibration, elle ne court pas les rues», s’emballe-t-il, tout en rêvant déjà de boucler la boucle à Bamako. «J’aimerais beaucoup y finir la tournée après avoir commencé l’aventure là-bas. Ça serait magnifique», conclut-il.