Certains citoyens inquiets à propos de la crise migratoire mondiale ne se gênent nullement de reprocher à leurs opposants un révisionnisme d’histoire. En fait, ces citoyens inquiets proches de l’extrémisme radical que constitue le national-socialisme ne ratent aucune occasion de démontrer qu’ils ne connaissent strictement rien à l’histoire de leur propre pays et à la genèse des valeurs occidentales.
Dans la partie inférieure du cimetière Notre-Dame au Limpertsberg, à quelques pas des vestiges de la première chapelle du Glacis érigée par les jésuites, inventeurs du pèlerinage à la statue de la Consolatrice des Affligés pour canaliser la ferveur religieuse du peuple, se trouve un monument funéraire imposant et remarquable, celui d’Ernest Derulle (1851-1912), «agent consulaire américain». L’agence de voyages et d’émigration Derulle-Wigreux était le représentant au Luxembourg de la Red Star Line, une société anonyme belgo-américaine avec siège à Anvers, qui, entre 1873 et 1935, permettra à quelque trois millions de ressortissants européens (touristes et émigrants) de quitter leur patrie pour se rendre aux États-Unis et au Canada.
Ernest Derulle, dont le monument funéraire au cimetière du Glacis est ostentatoirement orné d’un bateau, obtint sa licence d’agent consulaire américain à l’Émigration en 1882. L’immeuble du bureau de voyage, orné par l’aigle américain, (repris à la fin des années 1920 par Joseph Weitzel) se trouvait au n° 34 (appelé «American Building») de la rue Notre-Dame («Ënneschtgaas»). À partir de 1931, l’émigration cessa en volume et les occupants nazis fermèrent complètement les activités de l’agence.
Jean Rhein