Méritoirement, le sociologue français Didier Eribon voit actuellement ses livres traduits par la renommée maison d’édition suhrkamp de Francfort-sur-le-Main. À l’occasion des deux tours de l’élection présidentielle française, bon nombre de journaux d’Outre-Rhin l’ont consulté pour avoir son avis éclairé.
Le roman/essai de Didier Eribon Rückkehr nach Reims [Retour à Reims, fr., 2009] ISBN 978-3-518-07252-3) est devenu en quelques semaines un best-seller chez nos voisins allemands, et constitue en quelque sorte un retour dans l’histoire personnelle, tout aussi symboliquement qu’un voyage dans l’histoire de France récente (ou plus lointaine), dans laquelle une certaine gauche a inventé et pratiqué le populisme pour mieux vaincre l’adversaire déclaré du jour. (On retrouvera ces traits de caractère communément chez tous les grands leaders de la soi-disant Union de la gauche française du début des années 1970.)
Nos voisins allemands s’intéressent au phénomène français, comme s’il n’avait jamais eu lieu sur leur propre territoire. Rappelons-nous la fin dramatique de la République de Weimar, fin des années 20/début des années 30.
Bon nombre de sociologues, philosophes, politologues éminents allemands, en l’occurrence ceux qui faisaient partie dans les années 20/30 du XXe siècle de l’Institut für Sozialforschung de l’université de Francfort (Fromm, Habermas, Benjamin, Adorno, Marcuse, etc.), ont analysé anticipativement les origines du nazisme et ont dégagé les circonstances de son avènement dans la mesure où elles se trouvaient dans l’inadéquation de la politique des partis de gauche!
Jean Rhein