Dans le cadre des conférences en marge de l’exposition «La Guerre froide au Luxembourg» au MNHA, le conférencier de ce jeudi 14 juillet était Marc Birchen, auteur de la monographie Die Firmenbeteiligungen der ARBED im Osteuropa der Nachkriegszeit. Luxemburger Wirtschaftsdiplomatie im Kalten Krieg (ISBN 978-3-631-66036-2). À l’aide d’exemples précis, le conférencier a montré comment l’adage de l’entre-deux-guerres «Ce qui et bon pour l’ARBED est bon pour l’État luxembourgeois» a continué à servir de fil rouge pour la politique économique grand-ducale.
Dans la zone d’influence soviétique, il n’était plus question de dédommager directement l’entreprise sidérurgique pour les nationalisations, malgré le fait que le Luxembourg était un pays ami des Alliés, la majeure partie des participations détenues par l’ARBED étaient des participations directes de l’entreprise d’Allemagne de l’Ouest Felten & Guillaume. Il est vrai qu’à Berlin, la mission militaire luxembourgeoise était extrêmement active dans les affaires économiques bilatérales; de même, l’ambassade du Luxembourg à Moscou, dirigée par René Blum.
Marc Birchen a retracé le flux intense des communications entre les acteurs (ARBED, F&G, ambassades et ministères luxembourgeois, les différentes autorités étrangères). Les contacts économiques et personnels avec les participations n’ont jamais cessé. Le conférencier a relevé le ton sarcastique dans les réponses soviétiques : «Pour vos doléances vous devez vous adresser directement au gouvernement de la RDA» (un État avec lequel il n’y avait pas de relations diplomatiques). Il est important de constater que le Luxembourg a été l’un des premiers à reconnaître officiellement la RDA.
Jean Rhein