L’introduction de la conscription le 5 septembre 1798 – étendue aux territoires annexés, malgré les avertissements de Robespierre – est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres.
La révolte dans les cantons du Nord était vouée à l’échec : l’armement rudimentaire des paysans contre les gendarmes français était constitué de fourches, de faux, de bâtons et de quelques fusils, d’où l’appellation du soulèvement, «Klëppelkrich», ce qui signifie «guerre des gourdins». Entre 1798 et 1813, les chiffres officiels indiquent 14 711 Luxembourgeois enrôlés dans l’armée française, 9 089 moururent sur les champs de bataille.
Ces derniers jours, l’un des trolls de Facebook considère le soulèvement des paysans luxembourgeois comme l’expression la plus pure du rejet de la francophonie par la population traditionnellement germanophile.
L’historien Paul Weber a décrit l’accueil réservé par la population luxembourgeoise aux idées nouvelles apportées par la Révolution française de la manière suivante : «L’opinion publique ne se trouva donc pas bouleversée. On raillait bien le port obligatoire de la cocarde républicaine, on se moquait des pompes officielles, on suivait d’un mauvais œil les fêtes de l’Être Suprême, on gouaillait les mois nouveaux qu’on appelait Fressidor et Schnorridor.
L’indignation bouillonnait (quand même) contre la dégradation des églises. Mais au fond on finit par s’accommoder. Il n’y avait pas plus d’étrangers dans l’administration que sous l’Autriche; elle était rationnelle et ordonnée; peu à peu on finit donc par trouver son profit. Tout comme les catholiques affiliés à l’évêché de Metz : sur les 400 élèves de l’Athénée tous déclaraient se préparer au sacerdoce (!) Il est vrai que les curés n’étaient pas soumis à la conscription.»
Jean Rhein