Les historiens attitrés, qui n’arrivent même plus à concocter des manuels d’histoire pour l’enseignement secondaire (classique ou technique), s’occupent depuis peu de temps de la spoliation des biens juifs, de la persécution des juifs, du rôle de la commission administrative après le départ en exil de la famille grand-ducale.
On oublie que des ministres CSV avaient voulu convaincre la Grande-Duchesse Charlotte et son époux de retourner dans le pays occupé par les nazis. Ces mêmes énergumènes (bien qu’ils eussent été installés confortablement à Londres) ont interdit au représentant de la Croix-Rouge internationale (un Hollandais) de soutenir les citoyens luxembourgeois retenus dans le camp de réfugiés de Miranda (Portugal). Le sort des Luxembourgeois ne se distinguait donc guère de celui des milliers d’israélites qui tentaient vainement de rejoindre leur Terre sainte.
Une partie significative de l’histoire grand-ducale doit être réécrite. Les tabous de l’après-guerre (et on ne parle pas encore de la collaboration [NDLR : qui est différente de ce mal franco-français]) continueront à être cultivés, aussi longtemps que des hauts politiciens responsables de l’après-guerre y seront impliqués.
S’il n’y a pas de cour d’assises pour les délateurs et collaborateurs, il y a quand même lieu de constater que la crédibilité de la science sociale qu’est l’histoire ne sera jamais rétablie tant que le conformisme de l’État de la droite CSV (NDLR : J.-Cl. Juncker : «Je ne sais pas où un État CSV aurait jamais existé!») ne sera pas démonté entièrement.
Jean Rhein